Concèze 2016. Voilà, c’est fini

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Photo David Desreumaux
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Voilà, Hexagonaute, au septième jour, la 14ème édition du Festival Déc’OUVRIR de Concèze a pris fin. Notre petit coeur tout bleu en est bien chagrin mais ne dit-on pas que les meilleures choses ont une fin ? Que pour mieux se retrouver il faut savoir se quitter ?

La clôture du festival se tenait à la salle du foyer rural, à Concèze. Tout avait fort bien commencé. C’est Clio qui ouvrait la marche, emmenée tout le long du set par l’Ensemble Déc’OUVRIR et Paul Roman à la guitare. Clio, on en parle régulièrement dans nos colonnes et j’ai le sentiment que ce n’est pas demain la veille qu’on arrêtera. J’ai dit déjà toute mon admiration pour l’écriture de cette jeune femme, pour la concision de ses textes, leur aspect cinématographique. Clio saisit des instants de vie. Dans une maitrise de l’ellipse, elle les raccorde pour construire des histoires où sens de l’observation, humour, ironie et profondeur s’imbriquent avec une élégance peu commune. Clio, c’est Souchon sans les îles anglo-normandes, c’est Delerm sans Fanny Ardant. Comme eux, après avoir fait réduire et retirer tout le gras du propos, elle met en situation des lieux, des personnes. Avec sa touche à elle, en léguant une part de féminité qui faisait défaut à cette chanson.

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Depuis quelque temps déjà, sur scène Clio bénéficie de l’apport de Paul Roman à la guitare et d’Etienne Champollion aux claviers. L’univers sonore en est enrichi, et n’ayons pas peur des mots, en est modernisé. L’association Champollion – qui fait danser les cordes mieux que quiconque – et Roman – qui vient d’un univers plus pop – apporte la richesse musicale qui manquait aux chouettes mélodies de Clio. Clio n’est pas Mick Jaegger. T’avais pas remarqué ? Elle ne court pas d’un bout à l’autre de la scène, elle ne saute pas comme un kangourou mais reste plutôt statique derrière son micro. Clio me confiait avant le concert qu’elle apprécie monter sur les planches même si elle n’y est cependant pas encore à l’aise. Mais pour qui la suit depuis ses débuts, on remarque tout de même qu’une forme de crispation disparaît progressivement. Sur scène comme en écriture, elle ne conserve que l’essentiel. Sa présence et sa voix. Pas d’esbroufe, pas d’entre-chansons bavards. Une petite pépite avant Eric Rohmer est mort, sans même citer la chanson. « La chanson qui vient parle d’un monsieur qui est né pas loin d’ici, à Tulle. Ensuite, il est mort ». C’est ça Clio. L’art de l’ellipse.

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La soirée se poursuit. Se poursuit bien. Place à une autre poésie. Celle de Matthias Vincenot. Ce Matthias qui est le directeur du festival, co-fondateur du Prix Moustaki également. Quel garçon polymorphe ! Matthias est également poète, au cas où tu ne le saurais pas. Quatorze recueils à son actif dont le dernier, Génération deux mille quoi, a paru l’an dernier aux Editions Fortuna. Une version discographique, Hors cadre,  est sortie cette année chez EPM. Derrière l’orchestration de ce disque, l’incontournable Etienne Champollion et son Ensemble Déc’OUVRIR. C’est donc tout naturellement que la formation accompagne Matthias sur scène, ce vendredi soir. Il faut redire ici le travail incomparable réalisé par Etienne et l’Ensemble en général et sur ce festival en particulier. Piano et claviers, clarinette et quatuor à cordes viennent revisiter les morceaux des artistes et apporter un écrin à la douce saveur. Les pièces en sortent magnifiées et arrivent dans nos pavillons comme autant de cadeaux que l’on reçoit avec plaisir.

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C’est donc dans ces conditions que Matthias Vincenot peut dire ses textes. J’ai eu l’occasion de voir Matthias à plusieurs reprises dans la lecture de ses poésies. En cette journée de clôture, je l’ai trouvé très à l’aise et touchant. Juste. Les mots sonnent, épousent les arrangements musicaux pour apporter l’écho d’un monde qui reste beau malgré ses dérives et ses égarements. Matthias aime apprécier l’instant en visitant nos âmes Vintage, ne dédaigne pas se faire moqueur à l’endroit de l’homme qui a inventé le sport. Avec Matthias, la poésie devient le trait d’union entre souvenirs, engagement et société moderne.

Je ne connaissais pas Michel Leclerc et Baya Kasmi, avant-dernière formation à monter sur la scène. Je ne regrette pas de ne les avoir pas connus plus tôt. Sur le plan artistique j’entends. En dehors de la scène, ce sont deux personnes fort sympathiques. Sur scène, je ne me suis pas senti hermétique mais absolument réfractaire. Des histoires qui ne me touchent pas, un humour qui parfois avait du mal à passer : « Tu es ma bougnoule, je suis ton youpin »… Carton rouge ! Même mon traitement de texte refuse d’écrire les mots cités et m’en propose d’autres… Un propos à la justesse aussi fautive que la voix de la chanteuse. La programmation ne pouvait pas être parfaite durant toute la durée du festival.

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Dernier spectacle de l’édition 2016 et là également, un avis teinté de déception. Brigitte Fossey et Pierre Fesquet venaient proposer une lecture de textes de Victor Hugo. On se souvient que l’an dernier, c’est François Rollin qui récitait le père Hugo – en même lieu et place – et qu’il nous avait régalés. Une proximité avec le public, un jeu profond qui tenait presque de l’explication de texte tant il disait juste. Cette année, les deux comédiens n’ont pas su susciter le même engouement. Hugo, ce n’est pas Feydeau et le mode de lecture de Brigitte Fossey, sans nuances, passant de la morosité à l’hystérie dessert des textes qui demanderaient à être habités autrement. Avec profondeur plutôt qu’en mode crise de nerfs. Tant pis pour l’interprétation, on aura cependant eu le plaisir d’entendre la poésie romantique en musique, par le jeu d’Etienne Champollion et de son accompagnement raffiné : Beethoven, Liszt, César Franck, Donizetti et Fauré.

Voilà Hexagonaute, Concèze 2016, c’est terminé. Deux coups de moins bien ne pourront effacer une semaine entière passée à assister à de fabuleux moments de spectacles vivants, d’échanges avec les artistes et le public. Une semaine à côtoyer les bénévoles qui s’investissent de façon hors du commun. J’ai un peu le sentiment de me répéter et tant mieux, on ne le dira jamais assez : Concèze n’est pas un festival comme les autres. C’est une bulle, un moment hors du temps. Une des poétesses présente sur cette édition (Pascale Anglès ou Claudine Bohi, je ne me souviens plus) a cité Alfred Jarry qui disait : « Arrêtez le monde, je voudrais descendre. » Concèze, c’est un peu l’arrêt-minute dans la grande course du monde. Ça ne dure pas longtemps, mais c’est indispensable. Et on y revient.


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Clio

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