Le regretté Marc Robine en avait fait une belle adaptation, Henri Tachan – repris plus tard par Pierre Perret – en donnait une version que je trouve assez plate. Cyprès a osé s’attaquer à la montagne Hugo, à ce petit miracle qu’est « Demain dès l’aube… »
Exercice ultra casse-gueule – n’est pas Brassens qui veut – on sait que mettre de la poésie en chanson est bien plus difficile qu’il n’y paraît. Personnage parfois patibulaire mais presque, à la nonchalance agaçante, Cyprès a néanmoins fait « ça ». Conserver intacte l’émotion du poème. Enchevêtrer une belle mélodie dans les mots d’un monstre sacré, sans s’en tenir scrupuleusement à la métrique mais en voguant autour.
C’est une banalité que de le dire mais pour accoucher d’une chanson réussie, il faut un bon texte (là, on est servis !), une bonne compo et une bonne interprétation. Trop souvent parent pauvre de la chanson littéraire, ici la mélodie habile fonctionne fort bien et la voix de Cyprès possède le grain trainant et agréable qu’on lui sait.
L’exercice est très réussi, au-dessus de la copie des prédécesseurs je trouve. Victor et Léopoldine auraient sûrement apprécié cette version.