Mercredi 18 mars dernier, sur le bateau El Alamein, à Paname sur Seine, Nicolas Bacchus venait donner un tour de chant pour un bye bye. Après plus de………. pffffffffffff, on ne compte même plus, on se fait trop mal… Après plusieurs années passées à Paris donc, l’Auvergnat natif, émigré toulousain un temps, met les voiles pour Lyon. C’était donc jour de fête, mercredi soir, sur le bateau du Quai François Mauriac et le Bacchus avait tenu à envoyer grave la vapeur pour un départ en grande pompe où l’on prendrait son pied.
Je te le dis tout net Hexargonaute que tu es, c’était réussi. Comme on en a plaisanté en fin de soirée avec l’ami Stéphane Pistre, spectateur émérite ès chansons au long cours, c’est un quatuor à cordes en trio qui a officié sur la scène. Il y avait longtemps que l’équipage n’avait pas été aussi complet dans les rangs dionysiaques et le spectateur, venu en belle affluence, a pu prendre l’embrun de la qualité dans ses cheveux soufflés et mis en bataille par les envolées au violon d’un Sylvain Rabourdin toujours époustouflant. A peine recoiffé, une seconde lame de fond le déstabilisait eu égard à la présence forte, rassurante et toujours précise d’une Hélène Billard, au violoncelle, fidèle au poste, qui a connu les débuts parisiens de Bacchus. Des retrouvailles pour un départ.
Il n’a pas rechigné à la besogne le bestiau. C’est au total plus d’une vingtaine de morceaux qui ont été chantés et joués, toujours introduits par un Bacchus qui excelle en la matière, parait-il, lui qui aurait le bas chic selon la jeune aise présente au bar. La base du set, bien sûr, était semblable à ses prestations parisiennes régulières, telles qu’à l’Extérieur Quai, mais la liste a été augmentée pour l’occasion. Avec notamment, pour le plus grand ravissement de moi-même, la reprise de La petite nuance, chanson figurant sur le premier album de Bacchus, Coupe d’Immondes, paru à la fin des années 90. Un vrai plaisir te dis-je ! Une vraie bonne idée de la part de Bacchus d’aller fouiller dans des vieuzeries qui tiennent encore bien la route. C’est bien connu, c’est dans les vieilles peaux qu’on fait les meilleures poupes. Et moi, cher Bacchus, j’en ai même d’autres à te proposer des tounes à rechanter qu’elles sont vachement bien dans ton répertoire et que tu les chantes plus mais que c’est dommage. Cayenne, par exemple… Penses-y quand tu seras à Lyon, à déguster la saucisse locale que l’on prétend comme étant la meilleure. Mais je m’égare. De Lyon.
On les a vus heureux sur scène, Nicolas, Hélène et Sylvain, certes se chercher du regard parfois pour mieux se trouver, pour mieux s’entendre et toute cette complicité, ce plaisir de rejouer ensemble après longtemps, était palpable, visible et contagieux. Les chansons de Bacchus, je les ai entendues mille fois et mille fois j’ai été séduit. Mais hier, il y avait un quelque chose de particulier. Comme un petit feu qui animait chaque personne à bord de la péniche. Les musiciens, le chanteur, le public. Chacun était là, avec une forte envie de prendre du plaisir et d’en donner également.
Mercredi soir, c’était différent d’un concert habituel. Comme si Bacchus n’avait pas chanté des chansons qui parlent d’homo, qui parlent de politique. Non, c’est étrange comme cette reprise qu’il donne de Leprest et Jehan, on était ailleurs. On était dans « ça » évidemment mais ailleurs également. Quelque part, dans un monde interstitiel où les chansons ne sont pas là comme des cautères sur nos jambes de bois mais simplement des moments de partage, sans rien avoir à revendiquer, comme si tout allait bien sur terre, comme si nous vivions dans un monde parfait. C’est ça, oui, le temps d’une vingtaine de chansons, Bacchus nous a soustrait d’un monde qui pèse lourd et bas comme un couvercle. C’est beau de l’air, parfois.
Nicolas Bacchus sera en concert privé chez Hexagone, en co-plateau avec Garance, pour l’inauguration de La Blackroom, la salle d’Hexagone. Le 11 avril à 19h30. Réservations par mail : resa.hexagone@gmail.com