Andoni Iturrioz, les chants magnétiques

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Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux
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Mercredi 26 novembre dernier, Andoni Iturrioz squattait les planches de l’Espace Christian Dente aux ACP. Il y venait faire entendre – notamment – les chansons issues de son second album, L’insolitude, paru en septembre dernier.

Le premier opus, Qui chante le matin est peut-être un oiseau, paru en 2012, était sorti sous le pseudonyme de « Je rigole ». Aujourd’hui, on arrête la plaisanterie et Andoni se fend d’une longue lettre explicative quant à l’abandon de ce pseudo. Cher Lecteur, par souci de totale transparence, je te la livre en intégralité : « Paris, le 15 juin 2014. J’en ai marre de « Je rigole. » Je m’appelle Andoni Iturrioz. Ando. » Au moins, c’est clair.

Sur scène, c’est accompagné de Xuan Lindenmeyer à la contrebasse que s’est présenté Andoni, avec sa guitare nylon, après la projection du clip du titre éponyme de son nouvel album. Une formation acoustique basique qui délivre une chaude couleur aux chansons du basque bonhomme.

Photo David Desreumaux
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Il y a toute une énergie, toute une force incandescente qui brûle Andoni Iturrioz lorsqu’il est sur scène. Il brûle les planches comme les planches le consument et semblent lui faire danser l’âme jusqu’à la transe. Quelque chose du chaman chez ce Andoni par le prisme de ses musiques qui deviennent l’intermédiaire, le trait d’union entre l’humain et le spirituel. Mercredi soir, Andoni a été rejoint sur scène par Lisa Portelli sur 2 titres pour lesquels elle l’accompagnait à la folk. De même, Bertrand Louis, coéquipier depuis le premier album, est venu participer à la fête sur plusieurs morceaux.

Si Andoni Iturrioz met de l’originalité et de l’intensité dans les parties musicales, c’est par ses textes qu’il nous convainc le plus. Par son travail sur la langue. Parce que travail il y a. Et quand il y a « effort au dire » pour reprendre la formule de Stéphane Mallarmé, il y a poésie. N’ayons pas peur des mots. Et comme nous n’en n’avons point peur de ces mots, bien au contraire, on avancera crânement que Iturrioz revisite le surréalisme. Plutôt il s’appuie dessus, l’utilise comme pivot de son écriture. Surréalisme donc en version 2.0.

Photo David Desreumaux
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Il y a celui de Rimbaud, premier surréaliste pour les surréalistes. Le monde est magique (en vidéo ci-dessous) fait clairement penser à Une Saison en Enfer. « Je suis plein de félin dans l’angoisse environnante / … / Ô la belle dans la bête » qui fait écho au célèbre « Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié. » Au demeurant, la mise en scène de cette chanson, dans son défilement d’images renvoie en droite ligne aux couleurs simultanées des Delaunay et de l’art abstrait. Et puis, vient le surréalisme de Philippe Soupault et d’André Breton, celui des Champs Magnétiques, paru en 1920. Ouvrage de référence, avec Le Manifeste, préliminaires d’une période artistique « au service de la révolution ». Andoni tort le mot, l’expose, l’explose, l’essaie, le scie, le mêle et l’entremêle, le choque, l’évente et le réinvente comme dans une manière d’écriture automatique qui n’en est pas une. Un siècle après, Iturrioz montre que l’un des mouvements artistiques et littéraires des plus prolifiques et novateurs n’a pas fini d’agiter, de remplir et de vidanger les esprits. J’ai vécu les étoiles, Je me balance aux branches d’air, Je cueille des oranges sur la lumière, des trains de rire me traversent, etc.

Sur Pourquoi je chante, Andoni Iturrioz proclame : « Je suis un mégalomane au service du monde, je t’aime. » Tout est dit. Résumé parfait. La synthèse du surréalisme : la révolution par l’art, exacerbation de l’ego, pour l’amour de son prochain. En ces temps de désirs mous, on prend toutes les utopies. Merci Andoni.


Les photos sont petites mais si tu cliques dessus elles s’agrandissent.
La vidéo sera carrément plus belle si tu passes la qualité en HD.


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