
Qu’est-ce que ce dico ? Ce lexique ? Pour qui qu’on se prend-on à Hexagone te demandes-tu, Lecteur ? Ben justement, c’est parce que l’on veut considérer la critique de la chanson simplement et accessible pour tous que l’on a décidé de créer des mots, d’inventer des expressions pour décrire des comportements, des styles, des genres, etc. Autant d’éléments de langage comme on dit aujourd’hui qui nous semblent manquer pour décrire et commenter la chanson comme nous l’entendons dans ces tribunes. Plutôt que d’employer des mots super sophistiqués que nous ne comprendrions pas nous-mêmes, on s’est assis autour de la table et on s’est dit : « Tu vois machin et machine, je trouve qu’ils gueulent en essayant de trop chanter comme Cantat. C’est une maladie en ce moment ». Mais comment le dire simplement sans avoir recours au Littré ? De là est née l’expression « pousser la Cantate ». T’as compris l’idée ?
Alors, régulièrement, dans tes colonnes préférées, tu trouveras des astérisques qui te renverront sur cette page dès lors qu’un néologisme sera employé. Alain Rey nous en saura gré, on bosse pour lui !
Avoir un Léo de la tournette
(loc. verb.) Répéter violemment un mot ou une expression, de façon inappropriée, entre ou pendant des chansons.
Plus il avançait en âge et plus il avait un Léo de la tournette prononcé. La veille encore, il avait hurlé « salope » au plein milieu d’une chanson d’amour.
Banaliverne
(n.f.) Chanson sans intérêt qui raconte des stupidités.
Hormis la chanson éponyme qui tenait la route, l’album était rempli de banalivernes des plus consternantes.
Branlanouille
(n.f.) Sorte de banaliverne centrée sur le nombril de celui qui la profère. (etym.) On suppose que le vocable serait une contraction de l’expression « se branler la nouille » apparue vers 1788 en région parisienne.
La décennie 2000 a vu l’émergence d’une pelletée de gueuleurs de branlanouilles.
Bulot
(n.m.) Chanson qui se prend pour un brûlot mais qui n’est qu’une coquille vide.
Tu me diras ce que tu voudras mais tu ne m’enlèveras pas de l’idée que la branlanouille est à la chanson sociale ce que le bulot est à la chanson engagée !
Calir
(v. tra.) 1. L’action de calir consiste à remplacer le son « a » par le son « o » ouvert dans une chanson. 2. Par ext. Remplacer un son par un autre.
« Ooooooh mon amuuuuur / Je t’aimerai tujuuuuuurs » calit-il.
Clichier
(v. tra.) 1. Écrire des chansons engagées cousues de clichés, de poncifs. 2. En critique musicale, se dit du journaliste qui use et abuse d’expression toutes faites et tartes à la crème.
1. Il a la rage et la ferveur d’un ado. L’écriture aussi tant il clichie ses chansons.
2. En panne d’inspiration, le journaliste, au lieu de pisser du vinaigre préféra clichier ainsi : « Ce jeune artiste chante nos maux avec ses mots et nous fait passer du rire aux larmes en une seconde ».
Crachetoner
(v. int.) Pour un artiste, dire du mal des personnes qui le programment dans leur établissement ou structure.
En l’espace de 3 ans de carrière, à écumer les salles parisiennes, il avait acquis la réputation de systématiquement crachetoner.
Dacaper
(v. int.) Faire une chanson avec 2 phrases et les reprendre en boucle. (Etym.) Le dacapisme semble apparaître dans le courant des années 80 sous la plume de Manu Chao, alors leader du groupe de rock indé, la Mano Negra. Depuis, Miossec s’est inspiré de cette pratique sur de nombreuses chansons.
Interviewé sur la seconde chaine, le leader du groupe déclara que le fait de dacaper ne les avait pas empêchés de faire carrière.
Dominer
(v. int.) Voir laminer*. Même sens mais sur le dos.
Il dominait depuis un moment lorsque le ton monta.
Egoter
(v. int.) Sévère propension à ne chanter que des branlanouilles.
« Si tu veux vendre et avoir un large public de nos jours, tu es obligé d’égoter ! » Un directeur de Major à un chanteur préfabriqué, Paris, 2014.
Egoteur (euse)
(n. m.) Celui qui égote, qui chante des branlanouilles.
Triste et interminable soirée ! Notre égoteur du jour s’est fendu de 3 grappels !
Entuber
(v. int.) Ecrire et enchainer tube sur tube.
Michel Delpech, qu’on s’en souvienne avec des titres comme Pour un flirt ou Laurette, a entubé pendant plus de 10 ans ! Aujourd’hui Stromae entube à son tour avec Papaoutai notamment.
Faire corps russe
(loc. verb.) Chanter comme les choeurs de l’armée rouge.
Ce n’était pas tant le problème de dacaper sur tous les titres mais plutôt de faire corps russe alors que la situation ne s’y prêtait pas le moins du monde !
Grappel
(n. m.) Le rappel de trop lors d’un spectacle.
Quand le public a eu ce qu’il venait chercher, il ne faut pas prendre le risque de faire un grappel.
If
(n. m.) Chanteur qui se prend pour Dutronc mais qui ne lui arrive pas à la racine.
Pas gonflé le mec ! Quel if ! il répétait à qui voulait l’entendre que c’est lui qui méritait de remporter le prix !
Léofoirer
(v. tra. et intra.) Faire du Léo Ferré raté.
Il considère cette chanson comme étant son tube pourtant il l’a sacrément léofoirée !
Métaphoirer
(v. tra.) En parlant de l’écriture d’une chanson, user de métaphores très vaseuses.
Il s’est risqué à une forme très poétique mais franchement, sans méchanceté aucune, il a métaphoiré quand même !
Laminer
(v. int.) User avec exagération du La mineur.
A ses débuts, Bernard Lavilliers a beaucoup laminé dans la région stéphanoise.
Montrer la mayonnaise
(loc. verb.) Sur scène, afficher ostensiblement une entente parfaite entre les membres d’un groupe.
Les breaks, les reprises étaient maîtrisés à la perfection et les 4 protagonistes prenaient un malin plaisir à montrer la mayonnaise.
Nicojuler
(v. int.) Etre photogénique peu importe les situations.
C’était ainsi. Il avait beau prendre les postures les plus fantasques et faire les grimaces les plus ignobles, il nicojulait.
Niquer fleurette
(loc. verb.) Ne chanter aucune chanson d’amour dans son tour de chant.
Las des égoteurs ne débitant que banalivernes et branlanouilles, il avait fait le pari et pris le parti de niquer fleurette sur son prochain spectacle.
Pisser la voyelle
(loc. verb.) Inventer un « e » inapproprié en fin de vers pour avoir le bon compte de syllabes et la rime féminine. (acad. fra.) Le pissage de voyelle est considéré comme une grave entorse grammaticale et une hérésie poétique.
Ce n’était pas la première fois qu’elle se permettait de pisser la voyelle. Sur son album précédent déjà, elle ne prononçait pas « obèse » mais « obé-zeu ».
Pousser la Cantate
(v. tra.) Se dit d’un homme ou d’une femme qui tombe dans le travers de chanter en braillant exagérément pour tenter de retrouver les intonations de Bertrand Cantat. Le poussage de Cantate est devenu très à la mode suite à l’arrêt, puis la séparation, du groupe Noir Désir à partir de 2003.
N’ayant pas réussi à trouver son propre style, malgré ses divers essais dans tous les registres de la chanson, il s’évertuait à pousser inlassablement la Cantate.
Renarder
(v. int.) Pour un chanteur, arrêter d’écrire des chansons et prendre sa retraite à 45 ans.
Pendant plus de 20 ans, il écrivit parmi les plus belles chansons françaises et remplit les plus grandes salles de France et de Francophonie puis se mit à renarder.
Rungir
(v. int.) Chanter pour une femme qui pense qu’il suffit d’être excentrique et de faire saturer le micro pour égaler le talent de Catherine Ringer.
Cela faisait plus d’une heure qu’elle rungissait, je suis sorti boire une bière.
Séphorer
(v. int.) Pour une chanteuse principalement, se maquiller de façon très et trop exagérée.
Comment s’appelait cette chanteuse asiatique qui séphorait comme jamais on n’avait vu cela auparavant ?
Sochial (ale, aux)
(adj.) Social mais qui force sur le pathos au point de tomber dans le misérabilisme.
Lynda commence à tirer sur la corde. Elle est certes loin d’écrire des banalivernes ou d’égoter mais son dernier album verse un peu trop dans le sochial quand même.
Solonaniser
(v. Int.) Branler le manche pendant les ponts. (étym.) sorte de mot-valise composé de solo (seul) et onanisme (branlette). L’expression serait arrivée dans la chanson avec l’émergence du rock et notamment des groupes phares qui jouaient des parties instrumentales de 12h 48mn.
Depuis que les gratteux solonanisent à l’envi, je ne fous plus les pieds dans les festivals !
Sornet
(n. m.) Forme apoétique composé de 2 quatrains et 2 tercets très très mal écrits et qui racontent de la merde.
Si Shakespeare avait écrit des sornets, on ne parlerait certainement plus de lui aujourd’hui !
Tourner guigui
(for. ver.) Se dit d’un artiste qui se met soudainement à avoir un melon gros comme ça au point de plus passer dans les portes.
Ca faisait plus de dix ans qu’il soutenait l’indépendance des artistes et son passage télé l’a carrément fait tourner guigui !