Frasiak – Charleville

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1817

Charleville. Ce n’est plus seulement la jeunesse de Rimbaud. Ce ne sont plus seulement ses Voyelles. La presque frontalière, bercée par la Meuse, fut également le berceau de l’adolescence de Frasiak. Sa ville à lui, avec ses dédales, sa place Ducale. Ses propres voyelles qu’on sonne pour clamer ses feux à la ville de sa jeunesse. En ouverture de ce neuvième album, l’homme-sans-z-à-son-nom se livre à une enveloppante déclaration, une pointe de nostalgie heureuse à l’heure d’afficher 60 balais. C’est encore tout le propos, un peu plus loin, d’Instamatic Kodak.

Des coups d’œil dans le rétro donc, de l’amour et de la tendresse aussi (Fée de moi, Comme un éclair). Et puis pas mal d’humour (Chat, Tango pression, Rhinovirus) parce que la vie sans humour, qu’est-ce sinon un vase d’ennui ? Charleville renferme également la chaleur de la fraternité (une belle franginade en duo avec Frédéric Bobin : Novembre), et en filigrane l’omniprésence tutélaire de Béranger, exacerbée dans la tellurique Bure sur atome. Et, l’âme farouchement libertaire, Frasiak de dire [Son] anarchie, de s’adonner à l’art de la reprise (Léo Ferré et Michel Bühler), d’envoyer quelques coups de patte pas volés et de fustiger bêtise et laideur (Un truc comme ça, Un gros con) avant que de célébrer la beauté (Un faisan sur ma fenêtre) et Les aujourd’hui qui chantent. Que du plaisir.

David Desreumaux


  • Frasiak
  • Charleville
  • crocodile productions – 2019
  • Chronique parue dans le numéro 14 de la revue Hexagone.

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