Lise Martin – Persona

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Plus qu’elle ne l’a fait précédemment, Lise Martin se dévoile avec Persona – se gardant bien de confondre poésie et chiffrement. L’album s’ouvre avec l’énergique Je rebondis de Rémo Gary, grâce auquel Lise Martin a pu déléguer le passage obligé du récit de la maternité. Plus loin, qui sait écouter saura entendre les amours qui peinent à s’engager (« Tes mensonges inutiles décapitaient mes muses », Lignes cicatrices), les appartements parisiens où l’avenir est bouché (Petite bohème), la relation aux hommes-enfants (« Je ne suis pas tes ailes / Je suis juste celle / Qui marche à côté de toi », Tes ailes), l’expérience de l’aide à la personne (J’ai reçu), etc. Dit comme cela, rien que de très trivial.

Or Lise Martin prouve qu’il est possible de composer des mémoires intimes et poétiques, et de livrer avec légèreté un esprit gémissant en proie aux longs ennuis. La nature, le vent, le soleil, éléments éternels, viennent vivifier une poétique qui fuit justement la trivialité. Musicalement, Persona, porté par les arrangements et la direction artistique de Daniel Mizrahi, est folk à l’envi. La voix de la chanteuse se marie à merveille aux antiennes à consonances yankees, et elle le sait. Peut-être est-ce pour cela que, timidement, survient un titre en anglais dont elle est l’auteur : la fougue de pur-sang que déploie sa voix dans Son of the rain, pour lequel Lizzie l’accompagne, est époustouflante. On s’en rend compte à l’occasion, Lise Martin qui chante en français, c’est un mustang bridé qui musarde prudemment à flanc de falaise. Mais on en admire mieux le paysage.

Flavie Girbal


Lise Martin
Persona
Osâmes – 2019

Chronique parue dans le numéro 12 de la revue Hexagone.


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