Oré, espiègle et maligne

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Oré © David Desreumaux - Reproduction interdite

Comme elle le dit elle-même, Morgane Szucs – alias Oré – fait « de la chanson française, inspirée rap, sur des instrus plutôt électroniques ». En mode 3D, décidée, douce et drôle. Et après seulement deux ans « d’existence », elle est déjà auréolée par sa sélection aux Inouïs en 2018 et sa distinction par le FAIR. Elle revient des Francofolies de Montréal, a donné deux concerts en Chine du Nord et sera à la rentrée au Point Ephémère, à Paris, avant de partir en tournée ensuite.

 

Oré, ce n’est pas loin de « or »… Ton interprétation “hip hop” est loin des clichés bling-bling avec la chaine autour du cou. Ça te vient d’où ce nom ?
Ça vient de l’orée de la forêt, comme une frontière vers un monde imaginaire…

Et Morgane, elle vient d’où ? 
De Narbonne ! Même si je suis née à Metz, c’est là que j’ai vécu. Avant de faire une formation d’ingé son à Toulouse et de monter à Paris.

Et tu décroches Inouïs et FAIR du premier coup !
J’étais tellement fière d’avoir le FAIR ! Et avant même d’avoir terminé mes morceaux, je voulais postuler pour les Inouïs du Printemps de Bourges et au FAIR dans la continuité. C’étaient mes deux gros objectifs et effectivement je les ai décrochés. Quoi qu’il arrive par la suite, je pourrai toujours revoir que j’ai été sélectionnée pour ces deux tremplins et me dire : « je les ai faits ! »

Pour reprendre tes propres termes, tu as fait le choix de « partir dans la musique”. Qu’est-ce qui t’a motivée à passer de l’autre côté ? 
Après des stages dans la post-production cinéma, le sound design, je me suis vite rendu compte que cela ne me convenait pas, que le côté artistique m’attirait beaucoup plus… et j’ai décidé d’aller droit au but.

Oré © David Desreumaux – Reproduction interdite

Tu écrivais déjà à l’époque ?
J’avais écrit quelques chansons en anglais et une en français. Et je tiens un carnet de bord depuis très longtemps.

Et c’est la rencontre avec ton alter-ego Bozeck, avec lequel tu as beaucoup plus qu’un Z en commun, qui a tout déclenché…
Nous nous sommes rencontrés lors de mon arrivée à Paris et je l’ai “interviewé” dans le cadre de mes études. J’ai pu ensuite squatter son studio et apprendre énormément de lui.

Comment travaillez-vous ensemble ?
Je produis mes maquettes, paroles et mélodies et je me tourne vers lui ensuite. Il a composé un titre, Avril, qui n’est d’ailleurs pas sorti en EP…

Mais que l’on trouve sur YouTube et qui débute par « Oré se lance sur un rythme chaloupé”. C’est de fait ta première chanson ?
C’était surtout une sorte d’exercice de rap. Les vacances qu’on avait mise en images, est antérieure. Avril est effectivement indirectement mon premier titre, même si on l’a fait pour la promo, en mode freestyle et pour me présenter au final…`

 

Beaucoup se disent en m’écoutant : « c’est frais, c’est pop », et ne s’attardent pas forcément sur les paroles. Mais de plus en plus, on me fait des retours qui montrent que cette référence est comprise… (à propos de 1000g)

 

Ta bio Facebook te décrit comme « Proche d’Odezenne dans sa façon de mélanger flow hip hop et chant, jamais très loin de Yelle dans ses intentions musicales et son amour pour la pop, elle allie aussi l’énergie et l’exigence d’un Nougaro ou d’une Camille »…
Odezenne a été un déclencheur pour moi, avec son mélange de flow à la MC Solar et de musique électronique. Camille, je l’avais découverte sur scène aux Déferlantes. J’aime beaucoup sa voix, son écriture. On me compare à Yelle pour l’énergie et son côté électro teinté de hip-hop. Brassens, Brel, Gainsbourg… Je trouve que Nougaro n’est pas suffisamment cité comme référence et puis, c’est sans doute dû à mon passage à Toulouse !

Tu écris sur la « vie de tous les jours », sur l’amour, en mode perso (La nuit tombée) ou sociétal (Agence matrimoniale). Et tu sais aussi piquer le système là où ça fait mal, comme dans 1000g et son évocation sous-jacente de l’expérience de Milgram… 
Beaucoup se disent en m’écoutant : « c’est frais, c’est pop »,  et ne s’attardent pas forcément sur les paroles. Mais de plus en plus, on me fait des retours qui montrent que cette référence est comprise…

Tu as conscience que ton « on s’en bat les couilles, bat les steaks, bat les reins », de ta chanson Les vacances, peut choquer ?
Au début, je me disais qu’on comprendrait que c’est vraiment Hello Kitty qui essaie de faire la méchante ! Et ça choque effectivement certaines personnes…

Pour celles et ceux qui entendent le second degré, ça passe et surtout parce c’est dit avec le sourire !
Je ne sais pas jusqu’à quand ça va passer, mais pour l’instant, ça passe !

Oré © David Desreumaux – Reproduction interdite

C’était comment les Francos de Montréal en juin dernier ?
C’était vraiment bien ! J’y suis allée dans le cadre de La Traversée, un dispositif auquel j’ai pu participer grâce au FAIR. Nous étions quatre artistes français et quatre artistes québécois. Basés d’abord à Reims pour travailler les morceaux des uns et des autres. On a fait une autre résidence de dix jours dans les environs de Montréal, puis joué aux Francos.. Ma bookeuse a pu me décrocher une autre date dans la programmation et mon label a accepté qu’on tourne sur place le clip, Les Vacances. (Cf. le clip en fin d’article)

Tes prochains rendez-vous, sur scène… et sur un second E.P ?
Des festivals cet été, le 19 juillet à Aix-en-Othe (10) et le 17 août à Musicalarue, à Luxey (40). Et à la rentrée, le 12 septembre, au Point Ephémère à Paris. On travaille effectivement sur notre deuxième EP, qui est encore au stade de maquette, et sur lequel il y a donc encore beaucoup de travail. Pour le premier, Bozeck et moi avions finalisé les maquettes, mais nous avons travaillé six mois supplémentaires pour aboutir à ce que nous voulions…

Deux perfectionnistes qui se sont trouvés… Vous n’avez pas envie de vous adjoindre d’autres musiciens ?
Si ! J’aimerais beaucoup qu’un percussionniste et batteur nous rejoigne. Bozeck et moi venons du studio. Cela nous ferait grandir sur scène que d’avoir un autre musicien plus expérimenté avec nous. Pablo, un ami musicien, que j’espère pouvoir faire venir le 12 septembre, m’a déjà accompagnée pour deux concerts en Chine.

Tu es allée en Chine ?
Oui, juste après les Francos, j’ai fait mon petit tour de l’hémisphère nord… Un concert qui a rassemblé plus de 7 000 personnes et qui a été diffusé sur plusieurs médias de la région de Canton, plus de 350 000 personnes l’ont suivi. Pour le suivant, en format plus restreint, j’ai même eu droit à une traduction qui s’affichait en direct, les spectateurs ont donc pu comprendre mes textes. Trop classe !

Propos recueillis par Mad


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