Dimoné – Mon amorce

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« Là, c’est nickel »,répète à l’envi ce diable de Dimoné en ouverture de son cinquième album solo, qui replace le Montpelliérain sur le terrain du collectif. Après dix ans à jouer les duettistes au côté du fidèle comparse Jean-Christophe Sirven, Dimoné prend l’ascenseur pour l’adolescence, s’offre un bain de jouvence auprès des gamins de Kursed, formation rock locale. Un band pour tenir en piste dix fois, à grand renfort de riffs qui prennent soin de ne tomber jamais dans le vacarme. Un boulevard est ouvert pour le patron, place est faite à ses mots habiles et véloces, à ses vocables taquins et joueurs qui s’insinuent au creux de mélodies et de musiques parfois revêches ; car la musique n’est qu’un tuteur à scansion, au parlé-chanté, au slam. Les pages jouent dans cette cour, sur un rythme effréné.

Au bord du monde, dans son Amorce, l’Héraultais pas fatigué fraye en indocile, tour à tour tendre et rageur, mettant ses vingt ans d’activité discographique sur la table, comme Louis-Ferdinand Céline engageait sa peau à chaque roman. Éternel fringant pris en flagrant débit de cinquantaine, auteur funambule qui tangue – puisque « A chaque fois ça tangue » –, le dandy tente ici sa pax romana entre chanson et rock. Deux pièces majeures présentes dans Épris dans la glace (EP – 2017) intègrent le florilège : Lyon, en duo avec Maissiat et La grande allée, toutes deux drapées d’électricité. La réussite de Mon amorce tient dans sa grande cohérence musicale, dans l’énergie et la vitalité, comme dans La fuite, où les ondulations du corps nous gagnent, assurément. Mon amor(ce), quand on aime, on a toujours 20 ans.

David Desreumaux


Dimoné
Mon amorce
musique sauvage  – 01/03/2019

Chronique parue dans le numéro 11 de la revue Hexagone.


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