Marion Cousineau à Avignon, entretien près d’un toboggan

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Marion Cousineau est venue au festival off d’Avignon pour deux concerts, les 26 et 27 Juillet, en nocturne (annoncés à 23h59 !) à la Maison de la Poésie. L’an passé, pour une de ses premières dates importantes en France, elle est venue quelques jours au « If » (même pas le Off) avant de passer deux soirs à la scène ouverte Barjac. Il lui en est arrivé de beaux événements en juste un an. La scène ouverte lui a ouvert des portes (festival Chansons en fête, passage à A Thou Bout d’chant, festival Dimey). Elle s’est inscrite à deux concours, sélectionnée aux deux elle a gagné « Initiative chansons » et deux dates de concert en Suisse suite à sa prestation au concours de la Médaille d’Or de la Chanson. A cette occasion un entretien avec elle, près d’un toboggan, a servi de base au portrait « Regard sur » paru sur le n°8 d’Hexagone. Au printemps, elle a aussi obtenu un grand succès public lors de son passage au Forum Léo Ferré. Et elle a aussi été sélectionnée pour « Destination chanson-fleuve ». Bref un second entretien devenait nécessaire. Rendez-vous dans un square à Avignon, près d’un toboggan (certaines traditions se créent rapidement !) Un peu en avance, elle tricotait un « linge à vaisselle ». A noter : quelques jours après cet entretien, elle retrouvait le chapiteau de Barjac en programmation officielle et recevait une belle ovation debout.


© Chantal Bou-Hanna

Hexagone : Marion, en février tu m’as envoyé un message : « Mademoiselle concours » vient à l’instant d’envoyer sa candidature pour Destination chanson-fleuve. C’est au mois de juin-juillet, c’est tout un trip. Ce serait juste malade. Je me dis ‘jamais deux sans trois’ … On a toujours le droit de rêver ! Et le rêve s’est réalisé… Mais cela consiste en quoi  » Destination chanson-fleuve  » ?

Marion Cousineau : Le Festival de Petite-Vallée avec le festival de chanson de Tadoussac, les Francofolies de Montréal, et différents organismes à Québec ont réuni leur volet « concours » pour créer « Destination chanson-fleuve ». Ils choisissent huit artistes (auteurs-compositeurs) de la francophonie auxquels ils proposent un parcours de cinq semaines. Le parcours inclut de la formation, de la résidence, de la création de spectacles et des représentations. Nous sommes accompagnés de formateurs (Marie Claire Seguin avec qui j’ai travaillé depuis quelques temps au Québec, Paule-Andrée Cassidy), et trois musiciens.

© Chantal Bou-Hanna

Et tu y as fait quoi ?

Marion : On a monté un spectacle, avec trente minutes par groupe de quatre, chacun interprétant deux de ses chansons accompagné par les autres, spectacle joué dans les différents lieux. Je me suis retrouvée à ne pas jouer de basse sur mes chansons – c’était rigolo – mais à jouer du piano entouré de super musiciens. J’ai joué de la basse sur les chansons des autres. Une nouveauté pour moi : être musicien accompagnateur pour un autre interprète que toi, et jouer avec un « band » de cinq personnes : c’était fabuleux ! On a joué aux Francos à Montréal, à Québec deux fois, on a joué à Tadoussac et à Petite-Vallée. A Québec, on a travaillé deux jours en studio avec quatre musiciens de jazz au service de nos chansons. Au Conservatoire de musique de Québec, on a passé une semaine de résidence, chacun dans un studio de répétition avec un piano à queue pour créer une chanson. J’ai pris un grand plaisir à jouer sur un Steinway réglé tiptop. On a donné un concert de résidence. On a aussi monté des chansons au festival de Petite-Vallée pour les « passeurs » du festival : Louis-Jean Cormier et Marie-Pierre Arthur.

© Chantal Bou-Hanna

Ton sentiment après ces cinq semaines ?

L’expérience était super, vraiment fabuleuse. J’ai appris plein de choses, j’ai « groové » à la basse, j’ai rencontré des gens fabuleux, j’ai vu la mer, j’ai passé du bon temps. Une expérience dont je ressors grandie, humainement et musicalement. Comme on se disait tous les huit artistes, le fait d’être là on a déjà gagné.

Et tu as gagné trois prix. Tu peux nous en parler ?

Je ne m’attendais pas du tout à ces trois prix associés à la scène. Je pensais plutôt à un prix de parolier car je sais que je fais attention à mes textes, et je pensais que ma proposition était trop bizarre ou trop classique pour avoir autre chose qu’un prix de parolier. J’ai eu le prix de l’Union des Artistes pour le charisme et la présence sur scène ; le prix de la Tournée Découverte (une dizaine de dates dans l’est du Québec à l’été 2019 : ça c’est malade !), et le prix du public qui fait tellement plaisir. Ces trois prix ont trait à la scène, ils  font sens pour moi. La scène, et ce qui s’y passe avec le public c’est mon moteur, c’est ce que j’aime. Ces trois prix qui tournent tous autour du spectacle, qu’ils soient signe de l’appréciation des professionnels ou du public, constituent une belle et bonne tape dans le dos, qui me donne de l’énergie pour continuer à aller de l’avant.

© Chantal Bou-Hanna

C’est assez impressionnant ce qui se passe depuis un an ?

Oui. Mon passage dans le « If » à Avignon en juillet 2017, c’était ma première date importante en France. Quand je regarde tout ce qui s’est passé depuis, je me dis : Waouh, Tabarnak !

Cela va-t-il trop vite ?

Non, c’est fabuleux. J’apprends beaucoup sur moi aussi et j’essaie de prendre le temps de cela car c’est nécessaire. La reconnaissance aide beaucoup, elle est importante. Ecrire une bonne chanson, je suis très contente. Mais ne toucher personne avec, cela ne me suffit pas.

Et le fait de jouer dans les festivals comme Chansons en fête, Dimey et bientôt Barjac m’enchante ?

C’est super. Quand tu joues dans des bars, c’est toi qui dois ramener du monde et tu rames pour cela. Quand je suis programmée dans un festival de chanson française, généralement ce que je fais plait, et je touche des gens que je n’aurais pas pu rejoindre toute seule. On a besoin les uns des autres : les artistes et les diffuseurs. A Destination fleuve, on jouait chaque concert avec entre deux cent et quatre cent personnes.

Avignon 26/07 © Michel Gallas

Cela te fait quoi de passer de plusieurs centaines de spectateurs à une vingtaine dans un petit lieu à minuit comme hier soir ?

Hier soir, j’ai pris un pied fabuleux. Les deux contextes sont différents, il faut les deux.  De retour de Destination Fleuve, j’ai chanté au P’tit bar à Montréal pour leur dire c’est pas parce que je chante ailleurs que je ne vais plus chanter ici.

En quelques mois, sont apparus le site web, un mini-album et un livre. Peux-tu nous évoquer cela ?

Les chansons ont été enregistrées en Septembre dernier quand on tournait le duo Many avec Deny Lefrancois. Il joue sur toutes les chansons et on chante deux duos. Depuis, j’ai aussi enregistré deux des textes chez moi. Ce disque est plus une maquette. Cela permet de répondre à la demande des gens après les concerts mais je ne considère pas que ce soit mon premier album.

Le livre c’était une très belle aventure. Comme mes textes sont assez denses et touchent les gens, souvent ils ont envie de relire les textes pour comprendre ce qui les a touché. Cela permet de laisser une trace à la fin des spectacles.

© Chantal Bou-Hanna

J’ai maintenant un site web. Je savais très bien qu’il fallait le faire – notamment pour la liste des dates de concert – et une copine graphiste m’a aidé.

Une Tournée d’automne de six semaines est planifiée en France et Suisse, une tournée d’été 2019 se profile au Québec. Tu ne t’arrêtes plus ?

En août, je rentre à la maison, je vois mon chum, je fais des confitures, je respire un peu, je digère.

Puis je reviens en Octobre. La Suisse m’a proposé deux dates, je reviens dans le Jura suite au festival Chansons en fête. En novembre, je retourne au Forum Léo Ferré où cela s’est superbement passé, je viens aussi te voir cinq jours à Toulouse au théâtre du Grand Rond. Et puis je suis programmée en première partie de Guidoni à Créteil : c’est génial, des gens me font confiance, cela me touche et me met la pression en même temps.

Alors, la prochaine fois que l’on se voit, tu vas encore avoir plein de nouvelles aventures à me raconter ?

J’espère. Et toi tu vas devoir trouver un autre toboggan !


Marion Cousineau – Entretien le 27 Juillet à Avignon. Photo de une et photos de l’article prises à Barjac : © Chantal Bou-Hanna

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