Détours de chant : Chouf et Zaza Fournier au Metronum

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On continue les reportages sur le festival Détours de Chant. Nous sommes le 5 février dernier au Metronum (la salle de musiques actuelles de Toulouse) pour un co-plateau Chouf et Zaza Fournier.

Chouf – Concert de sortie de l’album Volatils

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Chouf, trente ans en janvier, quatre albums désormais. Trois ans auparavant, il fêtait la sortie de l’album précédent à La Dynamo, salle de capacité moindre et déjà un public debout. Il était alors en co-plateau avec le groupe Pauvres Martins, disparu depuis, peut être car celui-ci n’a pas assez bien géré son évolution en lien avec les salles aux jauges grandissantes et au public y afférent. Et ce qui marque dans le concert de Chouf c’est la maitrise de son évolution. Une nouvelle équipe (du groupe ayant joué à la Dynamo il ne reste plus que Daniel Dru à la trompette et au clavier). Exit la contrebasse, bonjour l’arrivée d’une (quasi) section cuivres puisqu’à certains moments, c’est trompette et trombone. Une évolution maîtrisée, des choix assumés. Pour ce concert un peu spécial et cette salle, Chouf a choisi un set dynamique en enchainant les morceaux. A cinq sur scène désormais, ils jouent un rock cuivré, où la voix reste en avant. Pas impressionné, Chouf est à l’aise avec le public et fait montre de bonhommie et d’humour dans ses interventions entre les chansons qu’il a su limiter. Le répertoire joué se révèle bien construit : bien sûr la quasi-totalité de son nouvel album (huit titres sur les dix je crois) qu’il vient présenter mais aussi, sur la fin, des « anciennes » très efficaces sur scène. Le résultat : un concert réussi, un son et une belle dynamique de groupe (guitares, basse, batterie, trombone et trompette, clavier), la présence de Chouf qui a bien mené son affaire et des titres qui ont déclenché des applaudissements nourris d’un public « embarqué » qui, pour une part, était venu pour Zaza Fournier.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Les nouveaux morceaux évoquent sur des musiques électriques et souvent chaleureuses, d’une façon peut être un peu plus directe et avec une écriture devenue plus pointue et rythmée l’état actuel du monde tel qu’il est, pas très humain. Comme pour Ca va pêter (« Pantins pardi Plantés pantois Si on nous attache On veut pas rester là » ou pour Les êtres jetables (« Faut que ça claque Que ça estomaque Ou on balance La part du diable Aux êtres jetables »). Ces morceaux entendus ces derniers mois en solo (en Novembre aux apéros concerts du Grand Rond) ou en duo (en août dernier à la Cave Poésie) sont encore plus mis en valeur en groupe, et avec l’habillage sonore et lumière du Metronum. C’est le cas de Baby Doll  et Des aveugles (texte de Christian Olivier et musique de Dimoné). J’ai aussi une tendresse particulière pour une émouvante Nuit de silences sur sa grand-mère à la mémoire qui s’envole. Ce morceau a curieusement failli être le seul moment de panique de Chouf dans le concert. Car la nuit est arrivée (par arrêt de l’éclairage) imprévue et pour de longues secondes ; et on a senti un soulagement sur le visage de Chouf au retour de la lumière. Du précédent album, il reprend son « tube » La cuisine des sorcières et aussi Mon masque de corbeau et Dérailler qui, au fur et à mesure de leur interprétation sur scène, ont pris du relief et dont j’apprécie vraiment les versions en concert.

Chouf a su se créer sur la région toulousaine un public fidèle, élargi chaque année, qui le suit d’album en album et dans ses prestations scéniques (également en solo ou dans Les Fils de ta mère). Et c’était touchant de voir un couple plutôt âgé, Michel et Micheline (non non je ne plaisante pas ce sont leurs vrais prénoms !), présents depuis le début, présents aussi au Metronum, debout, au premier rang, accoudés à la barrière comme des teen-agers. Ses fidèles, en venant chercher, après le concert, le nouvel album auquel ils avaient souscrits, ont eu la surprise de se voir cités dans le livret.

Pour ma part, j’ai déjà envie de voir dans sa formule complète ce spectacle. Spectacle à qui je souhaite longue vie et beaucoup de représentations.

Zaza Founier

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Elle aussi évolue au fur et à mesure des spectacles et des disques. Découverte en 2009, pour moi, aux Découvertes (comme son nom l’indique !) Alors Chante ! elle se produisait seule avec son accordéon et un iPod. Pour son second album, on l’a vue en groupe sur scène. Et depuis la sortie de son troisième album, Le départ, elle est accompagnée sur scène par un seul musicien, l’anglais et complice Majiker. Un spectacle rôdé, qui tourne depuis plus d’un an, joué trois semaines à Avignon l’an passé (où je l’ai vu une première fois). Un spectacle calé, efficace et … fleuri. Des fleurs autour du micro, des fleurs roses sur les épaules de Zaza, des fleurs sur scène puis sur le sol. Un spectacle qui n’a pas beaucoup bougé si j’en juge par mon ressenti et les deux reportages d’Hexagone à l’automne 2015 aux Trois Baudets et en mai dernier à L’Européen. Une mise en scène, en instrument ou en lumière différente à chaque morceau. Une Zaza Fournier à l’accordéon bien sûr mais aussi au ukulélé et au clavier. A l’aise avec le public et montrant son humour durant les inter chansons. Avec des moments où elle est seule à l’accordéon. Une façon de chanter et de s’accompagner à l’accordéon assez syncopée. Une voix reconnaissable et originale. Le répertoire est centré sur les relations amoureuses et ses différentes facettes et difficultés. Paupières closes sur l’attente du retour de son homme en donne un exemple que j’aime bien. Elle s’éloigne parfois de ce sujet pour évoquer l’envie d’être un Garçon (« Je veux trainer dans la rue / Sans qu’on regarde mon cul. ») ou de se poser des questions sur les Objets perdus (« Tout ces objets que l’on perd vont-ils quitter la terre quand ils nous quittent nous. »)

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Un joli moment pour La jeune fille aux fleurs  (« offre-moi des clématites si tu me dis je te quitte, offre moi de la glycine plutôt qu’une lettre assassine ») où le bruit des ciseaux de Majiker coupant les bouquets de fleur marque le rythme musical. Un Majiker, la belle découverte de ce spectacle, au piano, à l’human beat box, à différentes percussions, à l’humour et donc … au découpage de fleurs.

A part le ressenti d’avoir vécu exactement le même concert que la fois précédente, l’autre fait marquant, pour moi, constitue une surprise. Situé dans les premiers rangs, j’ai changé de côté de scène pour obtenir un autre angle pour les photos. Et j’entends une voix particulière chanter par cœur le morceau en cours avec même une légère avance parfois sur l’artiste. Je me retourne et découvre … une petite fille dans les bras de son (a priori) père. Je ne m’attendais pas à cela ! Et ce n’est pas tout. Comme à son habitude lors du rappel, Zaza Fournier vient chanter plutôt dans le fond de la salle et là quand elle se déplace au milieu du public, elle est rejointe et suivie par plusieurs enfants. Je n’ai toujours pas résolu cette énigme. Elle ne chante vraiment pas un répertoire jeune public : est ce la voix, la silhouette, les mélodies qui les attirent ? Où ces enfants entendent ces chansons pas vraiment médiatisées : ce sont les parents les fans ? Et ils trouvent important d’emmener leurs enfants jeunes sur un concert nocturne démarrant après 22 heures ? Si tu as la réponse, je suis preneur.

Et avec cette chronique, j’en termine avec mes petits reportages de concerts du festival Détours de chant 2016. Mais je n’en ai pas encore fini avec ce festival. A bientôt pour de nouvelles évocations… sous une autre forme.


Chouf 5 février au Métronum. Simon Chouf : Chant et guitares, Daniel Dru : Trompette et clavier, Simon Portefaix : Batterie, Kévin Balzan : Basse, Guillaume Pique : Trombone et guitare électrique. Prochains concerts : 16 mars à Genève (Ch) au Festival Bars en fête, 25 mars à Cahors (46) Les Docks en 1ère partie de Christian Olivier, 2 avril à Gaillac (81) Festival les petits bouchons (en solo)

Zaza Fournier 5 février au Métronum. Des concerts à venir : 5 mai  festival Alors Chante ! à Castelsarrasin, 10 juillet festival Pause Guitare à Albi.

PS : Je veux remercier Philippe Pagés et Philippe Courret, coordinateur et responsable de production, ainsi que Yasmine Belayel, chargé des relations presse, qui m’ont permis de voir les concerts que j’avais choisis (dix-sept artistes sur les quarante retenus par le festival) et donc de vous proposer mes chroniques. Et je fais un petit clin d’œil à Michèle Rivayrol, présidente de ce festival … et chanteuse appréciée récemment sur la scène de Chez ta mère.

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