Fin mars à Toulouse, une averse de concerts

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La semaine dernière je te proposai un agenda avec ma sélection de quatre concerts.  Fournir des conseils c’est bien,  les appliquer soi-même c’est mieux. Alors j’ai vu les quatre concerts. La preuve ? Lis les lignes qui suivent.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Lundi : Que chante la Dynamo ! Un triple plateau chanson. Ouverture par Camu, final avec Zoé sur le pavé et Chouf au centre du jeu. Au bar absence de Chouffe (bière belge) mais sur scène on retrouve un Chouf bien présent, en forme, à l’aise avec son public.  Au bar présence de la Kwak (bière belge) mais sur scène pas de couac ! Un set dynamique et resserré – 10 morceaux seulement -, une musique chaude, un beau son de groupe. Chouf a fait le choix de morceaux rythmés, d’un concert adapté à la configuration debout de la salle et à la proximité d’un bar forcément un peu bruyant. Et c’est une réussite. La Dynamo a chanté  ! Le concert démarre, comme d’habitude, par Hotel des fous. Une majorité de chansons « de scène », bien cuivrées, maintiennent le rythme : On n’est qu’on « c’est ça la vie d’artiste », La cuisine de sorcière et Les derniers qui restent « Que reste t il à boire ?  que reste t il à voir ?  Il faut qu’on nous apporte la suite de l’histoire ». 

Photo Michel Gallas
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Une  belle présence de Chouf de plus en plus maître de la scène. Des enchainements réussis où il montre son humour, sa bonne humeur et sa proximité avec le public. Il nous offre un superbe Les enfants de Louxor et n’oublie pas de citer « texte de Bernard Dimey et musique par Manu Galure ». Le set contient une seule chanson inédite Fugitive au titre – et au texte ? – pas forcément définitifs. Le copain Florent Gourault, un des piliers des Fils de ta mère, vient chanter en duo Baikal amour dont il est l’auteur. Et comme souvent, depuis plus d’un an, en fin de concert, Chouf quitte sa guitare – ses deux guitares en fait – pour le clavier. Il conclut par Mon masque de corbeau qui a pris du volume au fil des concerts. Chouf, avec son groupe, avait fêté la sortie de son troisième album il y a juste deux ans, fin mars, ici à la Dynamo : on peut donc constater l’évolution. Une belle évolution dans la maîtrise de la scène, du son et dans la construction du set. Chouf a trouvé sa voie – sa voix ? – avec ce rock chaud à textes (suppression petit à petit de la contrebasse au profit de la basse, introduction du clavier), un style moins « chanson française » que les deux  premiers albums. Pour moi, le concert en groupe le plus réussi des six que j’ai vu depuis deux ans. « Une poésie chaotique bercée par une musique heureuse. Ses rêves volés, Chouf les transforme en fête populaire !« .

Photo Michel Gallas
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Un concert un peu particulier avec la dernière du bassiste contrebassiste Yohann et la première en quintet de l’accordéoniste Simon Barbe. Bon, il faut le dévoiler, ce groupe est exceptionnel : c’est le seul groupe en France et même au monde à avoir – je compte l’ingé son – quatre de ses membres sur six à se prénommer Simon ! Belle discrimination positive …  Yohann va-t-il être remplacé par un Simon ? Daniel Dru serait le « dernier qui reste » à ne pas se prénommer Simon et cela me semble difficile de se séparer du son magnifique de sa trompette.  J’attends toujours de voir sur Toulouse l’autre facette de Chouf : le duo guitare- accordéon. Et là c’est du 100% prénom Simon !

Photo Michel Gallas
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Avant ou après chacun des trois concerts de la soirée, près du bar souvent, on croise, ce soir, beaucoup de connaissances du petit monde de la « scène chanson toulousaine ».  Un petit inventaire ? L’équipe de Chez ta mère, le chargé de communication et le serveur du Bijou, les copains musiciens des groupes du soir, le représentant toulousain de FrancoFans, des spectateurs assidus croisés souvent, les groupes du soir après leur concert, des bénévoles des festivals Alors Chante et MediterranéO, une Micheline et peut être quelques ratons laveurs …

Photo Michel Gallas
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Jeudi : Patrick Font. Le Patrick Font de Font & Val. Résurgence de souvenirs de jeunesse. De passage sur la scène de Chez ta Mère pour un spectacle de chansons, entourés des trois chanteurs comédiens de sa pièce Calamity Jane – Le procès qui a quelques dates en ce moment. Une salle pleine.  Avant et après le spectacle un vieux monsieur, ayant du mal à marcher, semble « errer » dans la salle du café associatif. Sur scène, au micro, ce vieux monsieur redevient Patrick Font, les yeux s’allument, les facéties reviennent et  il rajeunit de deux décennies. Bien sûr on lui apporte la guitare, son jeu est très minimal, sa voix et son rythme ne sont pas adaptés. Mais il se dégage une vraie présence, ses réparties restent drôles et parfois féroces. Pas mal de trous de mémoire notamment sur deux chansons où le public, qui les  connaissait par cœur, l’a grandement aidé. En particulier sur la seule chanson que je connaissais vraiment La vieille. Une superbe chanson sur la vieillesse ou plutôt sur la liberté et l’irrévérence pendant la vieillesse, écrite des années auparavant, chanson qui a peut être une autre résonance sur lui désormais « Et tout en se servant un petit verre de porto, elle fit un bras d’honneur On aurait dit Popeye  Elle avait encore la souplesse des abeilles … » .

Photo Michel Gallas
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Vendredi : Louis-Noël Bobey. En solo, guitare, harmonica et banjo, il raconte chante et slame en déballant les cartons de sa vie. Il nous parle d’abord du Jura avec une chanson en patois de Bresse, puis de Marseille avec une chanson dédiée et ensuite du Québec. De Toulouse il nous dit qu’il a chanté un titre devant Cécile Nougaro, il reprend Cécile en patois et c’est magnifique ! Un concert particulier, plutôt intimiste. On a l’impression d’une veillée, il fait monter un enfant – son neveu – pour chanter avec lui Marseille, interpelle les amis ou la famille qui sont dans la salle, bien remplie ce soir aussi. De ce bonhomme se dégage de l’humanité, du naturel, de la bienveillance. Aux aguets de ce qui se passe dans la salle, autour de lui, il nous parle des livres suspendus dans les toilettes et interagit avec le public. Ses slams sont superbes. Deux particulièrement qui rendent notamment hommage à la langue, celle de Marseille et celle du Québec, avec des trouvailles textuelles, en jouant sur les sonorités et les mots et avec une belle mise en bouche de ces textes. Ses chansons évoquent des lieux comme Le jura et des portraits comme ceux de sa grand mère, d’un copain marseillais, d’une prostituée, d’un gitan. Un concert atypique qui fait du bien. On sort avec la certitude d’avoir passé un moment vrai et l’envie de lire les slams. Pour en savoir plus sur ce concert n’hésite pas à lire la chronique complète faite par Claude Fèvre qui, comme moi, avait suggéré à Chez ta mère de programmer cet artiste.

Photo Michel Gallas
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 Dimanche : Les Bertitas.  Six femmes chanteuses habillées en noir et rouge.  Des chants polyphoniques du monde, interprétés a capella, des voix entremêlées superbes. Bertitas Airways fait voyager loin.  Nous voilà en Finlande, Russie, Tchéquie, Israël, Albanie, Géorgie et aussi Bulgarie, Afrique du Sud, Arménie, Corse, Pays Basque et Macédoine (Michel, tu as reconnu les langues de tout ces pays ? Non … j’ai juste recopié les noms inscrits dans le petit programme diffusé !). Une belle complicité, de l’énergie, des sourires et de l’envie. Une mise en espace de chaque morceau originale et travaillée. Les chanteuses varient timbres et rythmes au gré des titres. De l’émotion et du plaisir en tant que spectateur. En  rappel, elles font chanter le public en … swaheli. C’est mon troisième concert : quelques nouveautés se dévoilent et on sent la volonté d’aller vers un peu plus de mise en scène.

Photo Michel Gallas
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Moi, l’amoureux de la chanson francophone, qui accorde beaucoup d’importance à la compréhension du texte, je suis, depuis 2 ans, sous le charme des Bertitas et de leur chants et je reçois un grand flot d’émotions et de plaisir à chaque concert. Alors je dis un grand merci à Caroline, Delphine, Elodie, Marion, Stephanie et Yuna (Michel, tu les connais toutes les 6 ? Non … j’ai juste demandé leur prénom par un message sur FaceBook !).  La salle, bien remplie les deux soirs, a exprimé sa satisfaction.


23 mars : Chouf, Zoé sur le pavé, Camu à la Dynamo. Chouf participe au Tribute to Nino Ferrer le 24 Avril à l’espace Croix Baragnon à Toulouse avec, entre autres, Hervé Suhubiette et Magyd Cherfi. Camu « fait » son premier Bijou le 17 avril.

26 mars : Patrick Font et sa bande Chez Ta Mère

27 mars : Louis Noêl Bobey Chez Ta Mère . Il sera au festival d’Avignon du 4 au 26 juillet. Comme c’est un de mes lieux de vacances on reparlera certainement de cet artiste.

Le 29  mars : Les Bertitas  Chez Ta Mère Elles seront au 2ième printemps des Voix, le 11 Avril à Longages (31).

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