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Le Fantastik Show de K!

Pour ses premières dates, le Fantastik Show de K! s’est installé les 12, 13 et 14 janvier à La Scène du Canal – Jemmapes. Comme Fred et moi étions tous les deux présents, et que nous avions tous les deux envie d’en parler, au début nous avons pensé à faire un résumé en commun. Puis finalement, nous avons choisi de raconter ce spectacle chacun avec nos mots et nos images. Alors voilà le Fantastik Show vu par Fred, puis par moi.

Le Fantastik Show vu par Fred:
K2FFin octobre 2015, K! est la tête d’affiche du concert du Téléthon du département de l’Eure. Première fois que je la voyais sur scène, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Mais le fait est que K! m’a laissé sous le charme ce soir-là. Avec un ptit goût de reviens-y. C’est donc tout naturellement que j’ai répondu « oui » à l’invitation de MHB quand elle m’a proposé de venir assister au Fantastik Show de K!, à la Scène du Canal / Jemmapes, en janvier.
Déjà, avant son entrée en scène, c’est le décor qu’on remarque. De bric et de broc, loufoque, baroque, théâtral. Un ptit côté Jules Verne. Un arbre, auquel sont accrochées des têtes de poupées. Des tuyaux, partout, par lesquels sort de la fumée, sans discontinuer. Décor onirique s’il en est. K! arrive sur scène dans le noir, avec une grande capuche qui enveloppe toute sa tête. On aperçoit quand même des lunettes noires, façon steam-punk, avec des petites leds rouges qui clignotent, en rotation. Éclairage violent, blanc, noyé dans la fumée, K! est en plein contre-jour. Le ton est donné, on est tout de suite mis au parfum.

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K! est toute seule sur scène, dans son décor, entourée de ses machines. Ça sonne donc électro. Et moi qui ne suis pas spécialement fan, j’accroche. Sans doute le côté « organique » de son interprétation. Et puis cette voix… Puissante, qui semble parfois venir d’outre-tombe. Mais qui sait aussi se faire très douce, sensuelle, même. Elle prend d’ailleurs un malin plaisir à alterner les deux.

Un concert de K!, ce n’est pas un concert, c’est un vrai spectacle. Il y a un côté très « marionnettes », fantasmagorique, à la « Delicatessen » de Jeunet & Caro, avec « flon-flon » et rires d’enfants. Ça fuse dans tous les sens. K! joue vraiment sur scène, dans le sens premier du terme. Elle prend un plaisir manifeste à être là sur scène, avec le public. Elle aime d’ailleurs interagir avec lui, voire carrément le prendre à parti. Il y a ainsi une « victime » à chaque concert, toujours du sexe masculin, ce qui provoque l’hilarité dans la salle.

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Entre histoires déjantées, où elle passe son temps à découper, par pure jalousie, des femmes pour les mettre en boite, avec des chœurs qui sortent de ballons gonflables, et histoires où elle parle ouvertement de son entre-jambes, du plus vieux métier du monde d’une certaine Candy, junkie à ses heures, K! nous distille des moments beaucoup plus intimistes, clavier-voix, voire… « fleurs-voix », de toute beauté. Séquence émotion.

K! termine son show sur une chanson plus qu’entêtante, et quitte la scène, en laissant le public, seul, avec ce refrain. Pour le rappel, j’allais dire « actualité oblige », mais ça fait juste opportuniste, ce qui n’était pas du tout le cas ce soir-là, parce que c’était juste comme une évidence, cette reprise de Space Oddity, au milieu du public, sur une clavier tout pourri (dixit sa propriétaire), histoire d’en mettre une bonne petite dernière, une qu’on n’aurait pas vu venir. En tout cas, pas aussi grosse que ça.

Dans la catégorie des chansons qui me touchent, il y a celles pour lesquelles je me dis qu’il faut que je les joue, que je me les réapproprie, que j’en fasse ma propre version. Comme une obligation, un impondérable. Et puis il y a les autres. J’en ai 3  ou 4 à bosser, là, je vous laisse.


Le Fantastik Show vu par Marie-Hélène:
KDans son Fantastique ShowK! allie chansons et spectacle. Elle nous raconte la vie en nous plongeant dans un univers à la fois réel et imaginaire. Des morceaux de vie, des lieux, des personnages, et aussi des sujets loin d’être facilement abordable… K!, elle ne t’épargne pas, elle dit ce qu’elle a à dire, elle n’a pas peur des mots. Et toi, selon les moments, tu te remets en questions en fonction de ce qu’elle vient de dire, tu souris de la façon habile dont elle a allégé un sujet délicat, tu es touchée par des mots, par une histoire… Je vous préviens tout de suite, on ne ressort pas indemne d’un concert de K!…. On est retourné, on est chamboulé, et on a chaud, là, au coin du cœur.

Dès la toute première fois où je l’ai vu sur scène, Karina m’a touchée. Ses mots, la profondeur de son regard, son interprétation… Je suis retournée la voir souvent. Au fil du temps, j’ai découvert de nouvelles chansons, vu le projet évoluer et grandir. Alors cette première du Fantastik Show, je l’attendais impatiemment !

Quand les lumières s’éteignent, et que le spectacle commence, personne se sait trop où on va être embarqué. Tous ceux qui connaissent Karina savent qu’elle arrive toujours à surprendre. Alors c’est les yeux et les oreilles grands ouverts que le public attentif, écoute les premières phrases.

« Moi je vous le dis, je ne rêve plus. Je dis j’ai compris la leçon, je contrôle ma fantaisie. Moi je suis guérie, je suis guérie. » Des mots qui ne sonnent pas à la légère, et qui interpellent. Enfants ou adultes, nous avons tous envie de rêver. Dans un monde où tout est de plus en plus formaté, de plus en plus dur, et où il faut rentrer dans des cases, quelle place reste-t-il pour les rêves et pour la fantaisie ? Le premier titre nous place tout de suite dans le contexte. Nous avons des rêves, mais nous avons aussi tous des peurs, des doutes, des « monstres »… Ils sont différents selon l’âge et selon les périodes de nos vies, mais ils sont bel et bien là. Durant toute la soirée, Karina se servira de l’imaginaire pour parler du réel. Chacun interprétera le spectacle à sa façon, mais chacun s’y reconnaîtra.

Ces voix dans Kensigton Park, cette contradiction, le côté gentil, le côté méchant… Ça nous parle à tous. Je revois encore mes nièces de 16 et 18 ans, les yeux qui brillent en la regardant et l’écoutant interpréter ce titre, qui est depuis toujours leur préféré. L’homme libellule apparaît sur scène, avec son corps en écailles. Celui dont l’allure dérange, celui qui fait rire la foule, celui qui sort avec sa cagoule. Pour moi, une des premières grosses claques de la soirée. L’équilibre entre les mots et la musique « circus » prend aux tripes. On a une envie soudaine de l’aimer et de le protéger du regard des gens, cet homme libellule. K2

Arrivent ensuite quelques titres consacrés aux hommes. Vaste sujet ! Parce qu’on a beau les aimer, ils ont quand même une fâcheuse tendance à nous faire souffrir… Mais comme K! n’est pas du style à se laisser faire, elle ne parle pas de l’adultère en s’apitoyant, mais en expliquant tout ce qu’elle a fait à toutes les autres filles, ce qui ne manque pas de faire rire tout le public ! Ça, c’est le côté « décalé » de K! , ou comment réussir à faire rire à partir d’un sujet qui à la base n’est pas drôle. Après avoir mis ce point au clair, elle parle de son homme, d’abord avec beaucoup de délicatesse, puis de façon… Comment dire… Un peu plus cash !

Quelques secondes dans le noir, un lampadaire s’allume, et voici pour moi le deuxième moment fort. Elle commence C’que j’étais belle a cappella. Il est parti, elle a mal… On comprend, on ressent. Les accompagnements s’ajoutent progressivement à la voix et font monter l’intensité du titre, déjà naturellement très fort. C’est beau… Après tant d’émotions, il est temps de s’évader un peu. C’est parti pour un voyage à Alméria. L’Espagne, les déserts des westerns de Sergio Leone, c’est comme si on y était !

À peine le temps de revenir à la réalité, J’observe commence déjà. Cette chanson, il n’y a rien à faire, à chaque fois elle me retourne. Chaque mot, chaque note, le clin d’œil à Jim Morrison. « Can you give me sanctuary, I can’t make it anymore, The man is at the door ». Pour se remettre un peu, changement de ton, on revient dans « l’humour. ». Accompagné de surprenants choristes, K! parle de la crise à sa façon, avec une boîte à couper les gonzesses. Encore une fois, l’art d’alléger un sujet sérieux. Fin du morceau, la salle est plongée dans le noir, puis quelques mots « Ne me laisse pas toute seule, tu sais comme j’ai peur dans le noir ». Une lumière se balance, une drôle d’atmosphère s’installe. « La fée clochette se fait un shoot… » Seul texte du spectacle que Karina n’a pas écrit, La fée clochette de Xavier Durringer prend toute sa dimension avec cette interprétation. Les mots résonnent durs, on est touché par le petit air de la junkie…

La température monte dans la salle pour Entre mes jambes, mais ne vous arrêtez pas uniquement au titre, restez attentif jusqu’à la conclusion « Attention, les hommes méfie-toi, c’est pas ce que tu crois… » Puis, comme s’ils étaient assis là, dans un coin de la scène à regarder le spectacle comme nous, les voix de Michel Simon et Serge Gainsbourg chantant L’herbe tendre résonnent, et font sourire. Pendant ce temps-là, le jardin s’éclaire et laisse apparaître quelques fleurs. Les premières notes sonnent comme par magie. On découvre L’assommoir dans une sublime version totalement épurée. Ce titre, il m’a fait pleurer, souvent. Ce texte, cette intensité. Voilà quoi. K! se réinstalle derrière son clavier pour Le chemin. Le parcours d’une vie, ce chemin qu’on fait en espérant trouver ce qu’on cherche. Perdre du temps en pensant en gagner. S’éloigner, pour finalement comprendre que ce qu’on cherchait était chez soi. Un titre qui touche particulièrement et qui conclut de bien belle manière ce show. Le public fredonne en chœur, pendant que l’artiste quitte la scène.

K3Sous des applaudissements fournis, Karina revient et s’installe dans le public avec un clavier. David Bowie, disparu deux jours avant la première du Fantastik Show est un artiste important pour elle. C’est donc tout naturellement qu’elle a décidé de jouer Space Oddity. Un moment particulier, un moment fort, un moment suspendu. Parfois, il n’y a pas de mots justes pour décrire une sensation. Il faut avoir vécu le moment pour réaliser ce qui s’est vraiment passé. C’est le cas pour celui-là. Tous les gens présents comprendront ce que je veux dire. Pour les autres, désolée… On dit que les absents ont toujours tors, et bien là, c’est tout spécialement le cas !

Pendant toute la soirée, le Fantastik Show s’est déroulé au milieu d’un décor onirique et surprenant, sublimé par de magnifiques lumières. Un spectacle à part entière. À écouter attentivement et à regarder avec des yeux d’enfants. Vous verrez, ça fait un bien fou !

K! a cette faculté incroyable de mettre du baume au cœur tout en racontant la vie comme elle est. Souvent pleine de doutes, souvent dure, mais qu’on peut rendre plus belle en n’oubliant pas de garder un peu de rêve. Pendant une heure et demie, elle nous rappelle qu’on a encore envie de rêver, et qu’on en a besoin plus que jamais au milieu de cette réalité.


Clio & Gauvain Sers – Mon rameau

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Clio & Gauvain Sers Mon rameau


 

 

Manu Lods au Zèbre le 18 février ! Nouvel album et places à gagner !

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Mise en page 1Hexagonaute, ici-même, dans tes colonnes à toi que t’as, Manu Lods n’est pas un étranger. Pas un inconnu. Tu sais qu’on l’apprécie beaucoup et permets-moi d’avoir la prétention de penser que l’on a grave raison ! Il a quelques albums au compteur (et lui quelques kilomètres) mais le disque qui sort ces jours-ci, et qu’il présentera le 18 février prochain au Zèbre de Belleville, est un petit bijou que tout a(r)mateur de la chanson se doit de posséder. Et je ne dis pas ça parce que ton serviteur a le plaisir et l’honneur d’être l’auteur de la photo de la pochette, mais tout bonnement parce que ce me semble – comme dirait je sais plus qui – que le Manu a upgradé sévère son écriture. Ces textes… Ses textes… Comment dire…

Je ne te dis rien tiens. Si tu n’as pas entendu les dernières chansons du Lods, viens donc faire le Zèbre avec lui ce 18 février ! C’est l’occasion ou jamais ! Non pas parce qu’il va mourir après, il ne s’appelle pas Michel, mais c’est parce que ce soir-là, il joue dans une formation qui va défroquer plus d’un zouave ! Vise le gratin de musicos ! La team qui a joué sur l’album : Marco Papazian (ouais carrément ! Le vrai !) à la guitare, Rafaël Leroy (pareil !) à la basse, Philippe Draï (t’as vu ?) à la batterie, Christophe Cravero (Pfffff!!!) à l’orgue et au violon, et, comme il se doit, des surprises… Les surprises, franchement, ça te plaira aussi !

En plus, le Manu, en plus d’être doué comme un cochon il est sympa comme tout ! Il t’offre 4 x 2 places pour ce concert ! Toi, t’as juste à envoyer un mail à bibi et c’est ici : hexagone.lemag@gmail.com. Tu écris « Manu je t’aime » en objet et tu laisses tes coordonnées. Après je te dis si t’as gagné.

Voilà, tu sais tout ou presque. Ah non, l’album, il s’appelle Garder le fou rire. On va pas se gêner !


MANU LODS – GARDER LE FOU RIRE
CONCERT DE SORTIE D’ALBUM
Jeudi 18 février à 20h30
Au ZÈBRE DE BELLEVILLE
63 boulevard de Belleville
75011 Paris
M° Couronnes ou Belleville

Attention : le Zèbre ne prend pas de réservations !
Mais vous pouvez pré-acheter vos places auprès de :
Fnac, Carrefour, fnac.com, francebillet.com, carrefour.comou au 0 892 68 36 22 (0,34 €/min)
Prix des places en prévente : 10 €
Sur place : PT 15 € / TR 10 €
Et le lien pour tomber directement sur la page réservation.

Loane, « rechercher l’air dans la musique »

Après avoir sorti Jamais seule en 2008, puis Le lendemain en 2011, Loane travaille actuellement sur son 3ème album. Elle sera sur la scène des 3 Baudets mercredi prochain et y présentera quelques titres de son nouvel album. J’ai découvert certains de ces nouveaux titres il y a quelques semaines, à La Loge, et j’ai été autant bluffée que touchée. On y retrouve toute la sensibilité de Loane, soulignée et portée par des arrangements à la fois électro et épurés. Rencontre avec une artiste authentique qui revient sur son parcours, ses influences, et sa musique.

LoaneHexagone : Quelle est ton histoire avec la musique et d’où est venue ton envie d’en faire ?
Loane : Ça m’est venu sur un Philicorda, un petit orgue qui était chez mes parents. Très vite j’ai essayé de jouer. Je suis restée absorbée et je me suis mise à en jouer tout le temps. Mon père m’a appris quelques accords de base. J’adorais ça, alors ma mère a voulu m’inscrire à des cours de piano, mais on m’a refusée parce que je ne savais pas lire. Je devais avoir 4 ans. Ça a commencé comme ça. Plus tard, j’ai pris des cours de piano jusqu’à l’adolescence. J’avais du mal avec le solfège. C’était compliqué pour moi. Faire de la musique à l’oreille, créer des mélodies, pour m’amuser, c’était facile, c’était du plaisir. Et apprendre à lire les notes c’était comme une langue que je ne comprenais pas.

Hexagone : Quand est-ce que tu as su que tu voulais en faire ton métier ?
Loane : C’est quand j’ai signé avec le label Virgin Music pour mon premier album Jamais seule que j’ai commencé à vivre de ma musique. C’est à ce moment-là que j’ai arrêté de travailler dans la presse pour pouvoir me consacrer à mon album et entrer en studio. Avant j’étais iconographe, j’allais de CDD en CDD, ce qui était assez pratique pour pouvoir me livrer à ma passion à côté. Je ne me suis jamais dit que la musique serait mon métier. Je ne me suis même jamais dit que ça pouvait être un métier. Pour autant j’avais quand même envie de tenter quelque chose, j’étais aspirée par une envie plus profonde de musique, je voulais lui donner plus de place. On me parlait d’un CDI, donc si je n’essayais pas à ce moment-là, je partais vers une autre vie. J’ai alors cherché des dates de concerts et je me suis lancée toute seule.

Hexagone : Quels sont les artistes qui t’ont marquée à cette époque-là ?
Loane : Enfant, j’avais des moments où les sons me touchaient vraiment très fort dans le cœur, dans le ventre, quand j’écoutais par exemple mes 45 tours de dessins animés. La musique, les accords mineurs, les trucs tristes même sans paroles. C’était une sensibilité, une lecture de la musique, qui n’était pas celle du solfège. Après, avec mon frère, on écoutait beaucoup Madonna, les Cure, Michael Jackson et Indochine. À l’époque de 3 Indochine c’était génial. Quand j’étais petite on prenait des casseroles, des raquettes de tennis, moi je prenais l’orgue, et on se refaisait les concerts d’Indochine que mon frère avait enregistrés sur cassettes. Plus tard, je me souviens que pour le jour de mes 22 ans, je suis allée voir le concert de Common pour son album Like water for Chocolate. Je suis sortie retournée de ce concert. Non pas parce que je voulais faire du hip-hop mais parce que j’étais chamboulée par la musique, je sentais cette urgence si présente en moi, ce besoin qui se manifestait de plus en plus dans ma vie. C’est à cette époque que je me suis acheté mon premier ordinateur avec les logiciels Cubase et Reason, juste pour la musique, pour enregistrer mes premières maquettes.

Hexagone : As-tu grandi dans une famille de musiciens ?
Loane : Non pas du tout. L’orgue, c’était celui de ma grand-mère qui était artiste peintre. Elle, par contre, oui. Artiste hollandaise, Jane Van Heekeren, elle peignait beaucoup des femmes, des nus. Elle vivait à Montmartre. Elle, elle était vraiment artiste.

Loane cover album le lendemainHexagone : Tu as déjà sorti deux albums. Peux-tu revenir dessus en quelques mots ?
Loane : Pour commencer mon premier album, il n’y avait que des maquettes au piano. J’ai fait appel au réalisateur Fabrice Dumont, du groupe électro Télépopmusik. On en a fait un album très acoustique. Il y a du piano, des batteries, c’est assez classique et élégant. Mais j’étais déjà attirée par l’électronique. Du coup j’ai emmené mon deuxième album dans cette voie. J’ai commencé à faire moi-même toutes mes démos dans mon home studio, avec des arrangements très 80’s, des beat box et des synthés de l’époque de mon enfance. Donc je me suis mise à apprendre les logiciels, comment tout faire toute seule. Je suis arrivée en studio avec toutes les démos assez poussées, dessinant déjà clairement l’univers du Lendemain. On les a magnifiées avec David Sztanke, qui fait autant de la pop très élégante (Tahiti Boy & The Palmtree Family) que de l’électro complètement fou, et Yann Arnaud qui bossait avec Sébastien Schuller dont j’étais très admirative de la musique. La sensibilité de ces deux réalisateurs a permis de déployer l’album que j’avais envie de faire. Et je devenais co-réalisateur. J’étais très contente de cet album parce que je faisais les sons que j’aimais, l’expérience a été super, du début à la fin, jusqu’au mastering. L’histoire est vraiment belle, les collaborations aussi. Lenny Kravitz chez qui j’apportais les mix de l’album qu’on écoutait ensemble, ou Christophe avec qui nous avons tourné un clip Boby, lui qui a toujours refusé les clips, ce sont de vraies histoires d’Art, une période riche de rencontres et de beaux souvenirs.

Hexagone : Tu as également fait partie du projet « Georges ». D’où est venu ce projet, et quels souvenirs en gardes-tu ?
Loane : Les 3 Baudets souhaitaient faire un spectacle qui dure un mois l’été. Deux amis musiciens et moi avons été contactés pour faire une relecture de chansons de 1947 à 56, en lice avec d’autres groupes. On a proposé une relecture complètement électronique et dépouillée des chansons de l’époque et on a été choisi. On a alors crée Ultra Georges, repris Barbara, Patricia Carli, Brassens, etc… on a joué quasiment tous les soirs. C’était super. J’ai alors découvert ce que c’est que d’être tout simplement interprète, de ne chanter que des mots que je n’ai pas écrits, pendant tout ces concerts, moi qui écris et compose mes chansons. Il y a une liberté là-dedans que je ne connaissais pas. Même le fait de me détacher un peu de mes claviers quand je joue, d’être moins sur les instruments aussi.

Hexagone : Tu es en train de finaliser ton prochain album. Qu’est ce que tu peux nous dire à propos de ce disque ?
Loane : J’ai voyagé pas mal, notamment aux États-Unis. J’ai écouté beaucoup de nouvelles musiques il y a deux ans. De la musique aux influences du nord, Rhye, Shura, Movement, Banks, Hundred Waters, Black Parachute, Hoodlem, Darkstar… Tout comme Peter Von Poehl, Lykke Li ou Sigur Rós que je connaissais déjà. Ce sont des gens qui injectent tant de pureté dans leurs chansons électroniques, une simplicité qui est spécifique à la musique scandinave. Ça m’a beaucoup inspirée d’être dans la pureté, d’épurer mes arrangements. J’en avais beaucoup mis dans le deuxième disque, j’ai eu envie d’explorer l’inverse. De donner plus de place à la voix et à l’émotion, de moins me cacher. Intégrer les silences… Juste quelque chose d’organique, de pur et de léger. Rechercher l’air dans la musique. Quand j’étais aux États Unis, j’ai enregistré beaucoup de choses, beaucoup d’idées, je suis allée dans plusieurs studios. De retour à Paris j’ai retravaillé les sons et l’univers s’est mis en place.

LoaneHexagone : On a déjà pu découvrir quelques morceaux sur scène. Les versions « studio » seront-elles aussi épurées que les versions « live » ?
Loane : Oui, j’aimerais vraiment. J’y tiens. C’est comme ça que j’ai envie de le faire, je n’ai pas envie d’en mettre trop.

Hexagone : Sur scène, tu es accompagnée par Jérôme Plasseraud. Allez-vous toujours tourner à deux, ou est-ce qu’il y aura une formation avec plus de musiciens ?
Loane : Pour l’instant, on joue à deux avec mes programmations électroniques. Mais j’aimerais bien avoir un batteur, un mec qui joue des pads en live. Pour l’instant, c’est encore un peu laboratoire, on expérimente. Je suis allée voir le concert des Fka Twigs, par exemple. J’adore. Il y a deux mecs qui jouent du pad, c’est génial. Il y a des boucles, mais tu ne sais pas trop d’où elles viennent. Qu’est ce qui est joué, qu’est ce qui n’est pas joué ? Pour moi ça a été une révolution.

Hexagone : Tu es auteur, compositeur et interprète. Comment se passe la création ? Qu’est ce qui vient le plus naturellement ?
Loane : La musique vient très naturellement. J’entends des mélodies, des accords. Le texte, c’est plus de travail. Un texte qui sort comme ça en une après-midi, ça m’est arrivé qu’une fois ou deux. La chanson Aimé sur le premier album, m’était venue dans la rue entièrement.

Hexagone : Tu collabores également avec d’autres artistes. C’est quelque chose qui te plaît de te « mettre au service » d’autres projets ?
Loane : J’adore. J’aime partager ce que j’aime faire. Partager la musique, pouvoir apporter de la musique à quelqu’un qui cherche ça, j’adore. C’est un plaisir.

LoaneHexagone : Tu as un souvenir de collaboration qui t’a spécialement marquée ?
Loane : Il y avait eu un moment magique avec Bardi Johannsson. J’étais partie en Islande pour aller travailler sur une chanson, une version de Danser qui n’a finalement pas trouvé place sur l’album, sortie juste sur Myspace à l’époque. C’était une de mes premières expériences de collaboration, c’était génial d’être dans le studio de quelqu’un dont on admire le travail, c’était magique. J’étais comme une gamine. J’étais partie 3 jours toute seule. C’était l’aventure. Donner, partager, avoir envie de faire quelque chose de bien. Comme avec Lenny Kravitz à qui j’avais demandé de corriger les paroles de ma chanson Save us, la veille de l’enregistrement et à qui j’ai proposé de la chanter avec moi le lendemain, il a tout de suite dit « ok. » C’était hors du commun de me retrouver en studio avec lui en train de chanter sur mon titre. Comme avec Rose, pour son single Pour être deux, l’échange s’est fait naturellement. Elle m’a amené le texte, ce soir-là, chez moi, on buvait un verre, on passait un bon moment. Mon ordi était allumé, mon clavier prêt, et la compo est arrivée comme ça, la chanson est née. Ces moments de grâce nous dépassent toujours un peu quand on y pense.

Hexagone : Est ce que dans tes chansons, tu as un titre qui a une place spéciale pour toi ?
Loane : Il y en a une qui me vient. C’est Les châteaux hollandais. En fait cette chanson fait référence à la maison de ma grand-mère hollandaise, dans laquelle j’ai appris à marcher. Elle a été vendue l’année ou je suis partie en tournée pour mon premier album. J’y vivais depuis mes 20 ans, c’était un endroit fantastique situé à Montmartre. Il y avait toutes les peintures de ma grand-mère aux murs, il y avait des sculptures, des petits objets qui datent d’une autre époque dans des vitrines, une immense cheminée, des oiseaux dans le petit jardin, des grands carreaux noirs et blancs au sol… Il y avait plein de choses, c’était beau. C’était un monde à part, ou j’aimais être seule, écrire, rêver. J’ai écrit cette chanson comme pour lui dire merci et qu’elle me manquerait. Avec tous les souvenirs et mon enfance qu’elle garde dans ses murs. Elle m’inspirait, me protégeait, c’est là que j’ai créé les chansons de mon premier album.

LoaneHexagone : Dans tes nouvelles chansons, j’ai eu un vrai coup de cœur sur Normale. « Ce n’est rien qu’une course à l’idéal. Je ne trouve pas d’ordinaire à ma taille. Suis-je bien normale, normale, normale ?… Il faudrait m’y voir, dans cette vie bizarre. Mais ce n’est rien que mon rêve en bataille, l’ordinaire contre l’idéal. Suis-je bien normale, normale, normale ? » Comment est venue cette chanson ?
Loane : Elle est venue à un moment où je me disais que c’était un peu la loose. Un sentiment personnel un jour, où je ne comprenais pas, j’avais l’impression que quelque chose n’allait pas droit. Je n’arrivais pas à m’expliquer ce sentiment, ma vie était plutôt remplie. Je ne comprenais pas pourquoi je ne gardais pas les chaussures à mon pied, comme les autres. Pourquoi je préférais être seule que mal accompagnée alors que tant de personnes savent s’entourer par défaut. Un peu trop sauvage peut être. Être une femme, artiste, libre, indépendante avec des idéaux, des idées, des envies contradictoires aussi, des espérances, ça laisse beaucoup de place, mais qu’est ce qu’on fait avec tout ça ? Comment tout concilier ? Est-ce que c’est normal de se demander tout ça ? Et, c’est quoi une femme normale en fait ? A quoi bon se déguiser derrière des schémas classiques dans lesquels on ne se retrouve pas… à déprimer oui. Peut être que tout le monde se pose des questions comme ça. Je ne sais pas. Dans les périodes de loose, on se sent nul et à part, on a l’impression que c’est trop bien chez les autres et qu’il n’y a que nous pour aller dans des directions bizarres. Heureusement un jour on apprend à s’aimer mieux avec toutes nos ambivalences, nos richesses intérieures, à s’accepter comme on est, à ne plus se juger par rapport aux autres mais par rapport à sa propre vérité.

Hexagone : Quelle est ta définition de la musique ?
Loane : Je dirais, des courbes invisibles avec des couleurs, et qui te font un truc dans le cœur.

Hexagone : Tu fais aussi des collages, avec un oiseau doré. D’où t’es venue cette idée et cette envie de faire ces collages ?
Loane : Durant mes voyages aux États-Unis, j’ai passé beaucoup de temps avec le groupe Wild Belle et Natalie faisait pas mal de collages. J’avais envie d’essayer, du coup, j’ai fait mon premier collage là-bas. C’était une super période, mais comme j’étais loin de chez moi, j’étais moins en contact avec mes amis alors j’ai imaginé un oiseau doré toujours présent, qui m’aide à trouver les réponses, mon Jiminy Cricket. Aussi j’aimais bien l’idée du langage crypté, du langage des oiseaux. Avec l’idée d’un dialogue avec moi-même, dans un langage qui n’existe pas, ces émotions intérieures quasiment impossibles à traduire.

Hexagone : Pour finir, peux-tu me citer deux ou trois artistes que tu conseilles d’aller découvrir ?
Loane : Hein Cooper The real et Hoodlem Old Friend


Loane sera en concert mercredi 27 janvier aux 3 Baudets, 64 Boulevard de Clichy, 75018 Paris.

Détours de chant à Toulouse : la 15ème édition !

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Détours de chant du 27 janvier au 7 février. Pour cette quinzième édition 11 jours de festival, 40 artistes, 50 concerts dans 21 salles de Toulouse et des environs.

Photo Aurélie Cabarrot
Photo Aurélie Cabarrot

Peut être au fil des années, l’affiche comporte un peu moins de « grands noms », d’artistes à la notoriété publique reconnue. Et justement cela permet de proposer de l’éclectisme, de la diversité et des talents à découvrir. L’édito du programme l’annonce : « Toulouse n’a pas besoin de notre festival pour écouter de belles chansons : les artistes majeurs y sont invités par les salles de spectacles et les producteurs tout au long de l’année. Notre but est ailleurs. Détours de Chant est une belle occasion de croiser les genres et les lieux,  de bousculer les habitudes. Nous espérons vous conduire vers de belles découvertes. » Je sais que tu vas te jeter sur le site Détours de chant pour découvrir le programme complet, alors ci dessous, je me limite, comme d’habitude, à des propositions subjectives et non exhaustives. J’essaye juste de te donner envie de quitter ton chez toi douillet alors que l’hiver commence à s’installer à Toulouse.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Dans cette belle programmation on retrouve des artistes ou des spectacles aimés et évoqués dans Hexagone. Comme Pacifiste inconnu, la création de Jehan & Lionel Suarez, autour du répertoire de Leprest, dans le beau lieu de l’auditorium de St Pierre des Cuisines. Comme K! au Grand Rond, du mardi au samedi, en apéro concert, dans son solo clavier électrique. Comme l’énergique et talentueuse Karimouche, au théâtre des Mazades, une habituée des concerts à Toulouse. Comme Chouf qui fêtera, en groupe, son nouvel album Volatils au Metronum, le 5 février. Et comme Zaza Fournier qui lui succédera dans la même soirée, accompagnée par l’anglais Majiker, entre autres au piano, à l’human beat box et aux différentes percussions. Le 29 janvier il faudra choisir entre la Reine des Aveugles, un des mes coups de coeur toulousains, et Ben Mazué dont j’ai apprécié deux fois son spectacle 33 ans, une belle réussite mixant le concert de chansons et le stand-up.

Photo David Desreumaux
Lizzie – Photo David Desreumaux

Détours de chant présente quelques particularités intéressantes. D’abord le festival offre cinq concerts gratuits, pour des découvertes, à des horaires décalés (12h30 en semaine et 16h le dimanche). Pour te laisser plus de choix, le festival programme huit groupes ou artistes qui se produisent au moins deux soirs. Ensuite tu peux bénéficier d’un tarif réduit pour tous les concerts dès que tu décides d’en voir au moins trois. Et enfin une journée « Coups de pousses » au Bijou te propose cinq artistes à découvrir. Toi, Hexagonaute fidèle tu connais déjà Gauvain Sers et Louis Noël Bobey. Viens les voir sur scène avec trois autres artistes régionaux. Pour les artistes déjà évoqués dans Hexagone, tu peux regarder ici une vidéo de Lizzie en solo avant d’aller la découvrir en trio à la salle Sénéchal ou voir Boule, déjà venu à Toulouse au Bijou. Et la programmation inclut aussi Yanowski dans son spectacle La passe interdite qui m’avait impressionné à l’été 2014 à Avignon lors de sa création. J’irai aussi voir, pour la première fois, Denis d’Archangelo dans son personnage de Lady Raymonde. 

afficheJ’irai découvrir le groupe de « jazz volcanique » (bien) nommé XXElles  composé de neuf femmes musiciennes dont trois chanteuses. Le festival démarre le 27 janvier avec l’humour parfois provocant de Didier Super en solo programmé pour trois soirs au Bijou. Il se termine le dimanche 7 février à la Halle aux grains avec le Toulouse Con Tour rassemblant Magyd Cherfi, Yvan Cujious et Art Mengo pour un spectacle à base de chansons toulousaines. Et encore je ne t’ai parlé que des groupes et artistes que je connais un peu ou/et que j’apprécie. Si tu veux écouter de la musique traditionnelle occitane (Toctoctoc), cent cinquante choristes pour une fête du chant à la Halle aux Grains (Badaboum), une fantaisie tzigane pour chanteurs et circassiens (Voleurs de Poules), une soirée rap au Métronum, de la littérature mise en musique (Même pas mal), et des groupes toulousains (Camu, Zédrine, Aurore Chevalier) c’est possible aussi voire conseillé. Ainsi j’ai prévu de profiter d’une dizaine de concerts. On s’y rencontre ? Et il est possible que je t’en reparle, d’ici deux semaines.


Détours de chant du 27 janvier au 7 Février à Toulouse.

Les découvertes d’Hexagone, à suivre en ce début 2016

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En septembre j’avais inauguré un nouveau type de rubrique du genre : « Je t’ai parlé dans Hexagone d’artistes découverts récemment, voici où tu peux aller les voir dans les semaines qui viennent.» Je reprends cette rubrique pour ce début d’année 2016. Et comme l’Hexagone ce n’est pas seulement Paris, Lyon et Toulouse je te propose aussi des dates dans d’autres endroits : Rennes, Mazan, Auch et ailleurs. Profites en !

Pour (essayer de) te donner envie d’aller voir ces découvertes, un lien te permet de consulter l’article d’Hexagone correspondant. Je te propose également leurs prochaines dates de concert et l’accès à leur site.


 Ils étaient au festival Off d’Avignon 

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Contrebrassens – Chansons de Brassens au féminin. Je t’ai présenté cette belle découverte en évoquant le concert puis notre entretien. Je suis content que depuis, Pauline Dupuy ait eu un TTT sur Télérama et un certain nombre de dates dans l’hexagone (mais je ne pense pas qu’il y ait de lien avec mon article !). Avec par exemple, quatre jours d’affilée à Paris : les 27 et 28 janvier à L’Angora puis les 29 et 30 au Limonaire.

Joséfa – Chansons pétillantes. Là aussi une découverte d’AvignonDepuis elle est venue aux auditions publiques Osons au Bijou à Toulouse et aux ateliers des découvertes Alors Chante à Castelsarrasin. Hexagonaute breton, elle passe en solo ce mois ci le 23 janvier au Papier Timbré à Rennes et participe à une soirée Musofa le 30 janvier à Montpellier avant de jouer en trio le 26 fevrier au Château de l’Hospitalet à Narbonne. 

Louis-Noël Bobey – Chanson, slam et racontages. Tu as pu lire l’article du concert à Avignon. Puis je t’ai parlé de son passage aux auditions de Chantons sous les toits. Sa prestation lui a permis d’obtenir cinq dates entre mars et octobre sur Albi (81) et alentour. Il sera aussi à Toulouse le 6 février au Bijou pour les Coups de pousses du festival des Détours de chant. Tu n’as pas fini d’entendre parler de Bobey sur Hexagone ! Mais Hexagonaute vauclusien ou lyonnais, aujourd’hui je t’annonce son passage le 22 janvier à La boiserie de Mazan (84) en concert gratuit et il sera aussi le 30 janvier au Maog à Lyon. 

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Benoit Paradis TrioChanson jazz québécoise. Je t’ai plusieurs fois cité ce trio, un des mes coups de cœur 2014, dans des actus de concert à venir. Mais malgré leur passage à Avignon, tu n’as toujours pas eu d’article pour cause de … ma flemmardise estivale (je ne vois pas d’autre explication !) Ils viennent d’arriver en Europe à nouveau pour un mois et une vingtaine de dates. Je te rappelle les 27 et 28 janvier au Limonaire. Ils feront une étape en Belgique et une en Suisse. Ils reviendront à Paris le 16 Février au Centre culturel canadien et finiront (en beauté forcément) au Bijou à Toulouse le 19 février.

Les épis noirsChanson théâtralisée. Après 3 semaines en Avignon l’été dernier, ils s’installent pour plus de deux mois au Lucernaire du 27 janvier au 13 mars. Hexagonaute  parisien, profites en et vas voir cette Romance Sauvage.


Vus à Toulouse

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Joulik – Chansons et musique du monde. Tu as pu lire l’article sur leurs concerts de juin 2015 dans la région toulousaine et sur l’entretien qui a suivi. Tu as même pu voir leur galerie photo. Hexagonaute provençal, tu vas pouvoir les apprécier pas loin de chez eux : le 23 janvier Le Petit duc à Aix en Provence (13) puis le 4 février à Akwaba à Chateauneuf de Gadagne (84) pour une sortie d’une semaine de résidence et donc avec de nouvelles compositions. Mais Toulousain réjouis toi, dans moins de deux mois, Joulik revient au Bijou les 3 et 4 mars.

Victoria Lud – Chanson Cabaret Rock.  Là aussi Hexagone t’a fait découvrir leur premier concert complet en avril puis a publié une interview en octobre à l’occasion de leur passage au Bijou. La sortie de l’EP Mon cœur est prévue au printemps. Le groupe va se produire le 13 février à Castelnaudary (11) au Quai n°10. Toulousain, là aussi Victoria Lud revient chanter en février et en mars.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Lucien la Movaiz graineChanson alternative. Je t’ai fait part de mon enthousiasme pour les deux concerts en quartet puis en solo Chez ta mère en septembre. Depuis il se balade assez régulièrement dans différentes contrées. Il sera en quartet le 23 janvier à La Gargagnole à Auch (32). Il présentera son solo le 31 janvier à 17h Le Souleilla à Clermont (09). Il a sorti un maxi en décembre un maxi Yvette Gélénerr sur un des personnages de ses concerts. Il sera sur Toulouse au Bijou le 22 avril en solo.

 

 


Elles étaient au Pic d’Or à Tarbes en mai 2015

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Marianne – Demi finaliste au Pic d’or. 2ième à la Truffe d’argent à Périgueux (en août). Elle a sorti un EP 5 titres en novembre Tout ce qu’elle est. Hexagonaute Isérois, tu peux aller voir la chanteuse guitariste grenobloise le 22 janvier à l’Atrium Le Fontanil (38).

Rosie Marie – Demi finaliste au Pic d’or en mai 2015. Revue lors des auditions Chantons sous les toits à Albi en novembre. Hexagonaute de la région parisienne elle fête le 29 janvier, au Tie break café à Asnières, la sortie de son clip (et son anniversaire) avec quelques invitées (donc des artistes féminines !) et a priori Angèle et Flo Zink déjà évoquées aussi.

Pour ces deux artistes tu n’as pas de lien sur un article d’Hexagone car pour l’instant je n’ai pu les voir chacune que sur trois chansons seulement. Envie d’assister bientôt à un de leur concert complet et, le cas échéant, t’en parler.

Retour en 1983 avec Agathe (Regrets), Cléa Vincent et ses invités

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Photo Déborah Galopin
Photo Déborah Galopin

Ce Jeudi 14 janvier, nous avons fait un bond dans le passé. Nostalgique d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ? Morose ? Hâte que la semaine se termine ? Ou une envie dévorante de faire la fête ? Si tu ressens tout cela à la fois, c’était aux Trois Baudets qu’il fallait te rendre. Cléa Vincent s’est occupée de tout, tu n’avais qu’à t’asseoir dans le fauteuil de ton choix et à te laisser guider. Personnellement, c’est ce que j’ai fait.

C’est la troisième fois que Cléa Vincent organise une soirée autour d’une année donnée. Cette fois, c’est 1983, en partie grâce à l’invitée d’honneur : Agathe, du groupe Regrets. Cléa est arrivée toute pimpante sur scène, fière de nous présenter cette dame qui a marqué sa discographie. Cette fierté on la comprend. D’abord quand on sait que cette chanteuse n’est pas montée sur les planches depuis vingt-cinq ans et plus encore lorsqu’on rencontre le personnage. « Ca fait longtemps qu’on ne s’est pas vu » nous dit-elle, comme si nous avions été présents lors de sa dernière représentation. Qu’importe les cheveux blancs qu’elle a pris entre temps, elle brille de la tête au pied, entre sa jupe à sequins et son haut à paillettes. D’abord accompagnée d’un guitariste, elle entame un premier morceau. Elle semble avoir le trac, le même que celui d’une jeune fille faisant ses débuts. Agathe use de son humour pour l’évacuer. Une émotion particulière traverse la salle qui est comble, riant de bon cœur. Elle n’a pas perdu sa voix fluette, bien qu’elle exagère les descentes dans les graves. Agathe semble soulagée lorsque Cléa, Kim, Victorine et Guillaume la rejoignent sur scène pour « une version 2016 » de ses tubes. « Ils suivent bien, parce que moi je fais n’importe quoi ! » plaisante-t-elle de nouveau.

Photo Déborah Galopin
Photo Déborah Galopin

Le set ne dure que le temps de quatre ou cinq titres dont « tout le monde s’amuse ». C’est court mais lorsqu’on sait ce qui nous attend nous nous consolons vite. Agathe termine sur son titre phare, reprit en chœur par la salle. « Je ne veux pas rentrer / Je veux pas rentrer chez moi / Je veux pas rentrer chez moi seule.» Dans le public, un groupement de personnes au look tout droit sorti d’un de ses clips, se déhanchent, ajoutant un peu de folklore au cadre. On regrette presque que la salle entière n’en fasse pas autant. Toujours est-il que la sauce prend bien. Nous sommes chauds, prêt à accueillir les quatorze autres invités pour la seconde partie.

Ce sont des artistes de la nouvelle scène Française qui ont accepté de reprendre des anciens titres. Enfin presque ! Joyce Giani a été la première à s’élancer sur la scène, pour interpréter son propre titre « Miaou Miaou », chanson mignonette au sous-entendu. A la fin de chaque morceau, Cléa Vincent annonce le suivant.

C’est au tour de Marius alias Ashtray pour une version de Girls juste want to have Fun. Le public entier s’en amuse : le nominé est absent, nous offrant une version instrumentale du titre de Cindy Lauper. Le public se retourne, entre voisins on se regarde l’air amusé. Les musiciens assurent le show pendant qu’en coulisse, les éclats de rire fussent. L’inquiétude est loin, l’ambiance est détendue. L’erreur est rattrapée après que Simone Ringer, chanteuse du groupe Minuit nous a offert sa très belle version de David Bowie Modern Love, tout en puissance. Ashtray fait finalement son apparition. Sa voix diffère du style de la chanson, un peu brisée donnant une dimension autre à ce texte festif.

Photo Déborah Galopin
Photo Déborah Galopin

Si cette soirée n’a pas été uniquement consacrée à la chanson française, elle n’a pas été mise de côté pour autant. Mise au point donne lieu à un beau duo. Lockhart a poussé l’aspect parlé des couplets pour se rapprocher du rap. Le contraste est intéressant avec la voix de Lise à la tessiture haute lorsqu’elle entame « Juste une mise au point / Sur les plus belles images de ma vie / Sur les clichés trop pâles d’une love-story / Sur les état-d’âme d’une femme sans alibi. » Les deux s’harmonisent dans un dernier refrain, accompagné d’un saxophone qui apporte cette touche jazzy-romantique. Une autre chanson sentimentale écrite par Gainsbourg a été interprétée non pas par Jane Birkin mais Robi, Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Robi qui habituellement chante « On ne meurt plus d’amour », donne ici une bonne explication avec cette chanson, anticipant le basculement de ce sentiment fuyant et imprévisible. Les deux mains sur le micro, elle s’efforce à communiquer la même sensibilité que Jane. Elle ne lui vole pas la vedette, mais ça fait quand même un petit quelque chose.

LenParrot fête ce jour, son 27ème anniversaire. Age de la mort de beaucoup d’artistes, souligne Cléa, de quoi se sentir bien. Il est remarquable sur Une seule journée passée sans elle qui prend son rôle de Michel Jonasz à cœur. Ce grand blond en impose, hurlant la douleur « Une seule journée passée sans elle / Est une souffrance / Et mon cœur pendu au bout d’une ficelle / Se balance. » C’est certainement la bonne surprise de cette soirée. Cette interprétation me rend curieuse d’en entendre davantage de la part de cet artiste.

Fishbach semble prédestinée à chanter Poisson dans la cage de Daniel Balavoine de par son nom. Cette femme a la voix grave transforme le ton de la chanson, moins joyeux mais dynamique. D’autres titres s’enchainent, dont un duo avec Pirouettes, Laurent Saligault s’attaque à du flashdance, la candide Pomme interprètre Even the strong get lonely de Tammy Wynett contrastant avec le sexy que dégage Carmen Maria Vega sur Sweet Dreams.

Photo Déborah Galopin
Photo Déborah Galopin

Entre temps, Batist vient nous décrasser les tympans au cas où l’on se serait entre temps endormis. Ça avait peu de chance d’arriver vu les bonnes choses qu’on a entendues, mais sait-on jamais. « C’est pas vraiment une chanson d’amour, ça pique un peu les oreilles » nous prévient-il. Il nous livre une très belle performance de Seak and Destroy de Metallica à la guitare. Un jeu nerveux et précis, précis et gras comme il faut.

Un autre moment fort de ce concert : le retour en enfance que nous font vivre Victorine et Guillaumette Foucard avec le générique d’Ulysse 31. Combinaison argentée moulante, lasers et pistolets sont de rigueurs. Victorine pousse même le vice jusqu’à inviter deux personnes du public pour un combat épique de sabre laser digne du dernier Star Wars. On en redemande: « Ulysse revient, Ulysse revient », chantons-nous en cœur. Quiconque aurait ouvert la porte à ce moment précis, sans être au préalable prévenu de la programmation, aurait pris peur. La réaction la plus saine aurait été de fuir la salle. Mais pour nous qui sommes téléportés quelques années en arrière, tout va bien. On s’amuse et n’avons pas peur du ridicule.

Photo Déborah Galopin
Photo Déborah Galopin

Cléa Vincent apporte un peu de légèreté avec La reine des pommes de Lio. Une chanson qui correspond à merveille à son style un peu naïf mais joyeux. Cet esprit rétro lui colle à la peau, elle se l’approprie tout en écartant le côté vieillot.

Malgré la disparition de David Bowie, il est encore parmi nous. Le set se termine avec Let’s Dance dirigé par deux femmes sexy Carmen Maria Vega et bien évidemment Cléa Vincent. Touchés par cet hommage, nous ne pouvons que nous lever et témoigner la joie immense que ces quatorze artistes viennent de nous communiquer. Un dernier miaou miaou en rappel pour nous dire au revoir, même si sincèrement nous n’en avons aucune envie.

Cette soirée fut un beau tour d’horizon sur cette année, avec des genres différents. Du métal au dessin animé en passant par la pop, le rock et la variété Française. Il y en aura vraiment eu pour tous les goûts, avec du beau monde. Si certains pensaient avoir pris une ou deux rides, la musique nous rajeunit et égaie l’humeur. Merci Cléa, merci pour cette réunion de joyeux lurons. On n’oubliera pas de revenir en 2017 pour pousser encore la chansonnette des grands classiques.

Isabelle Bazin, une chanson entre tradition et contemporanéité.

Isabelle Bazin travaille depuis plus de 20 ans dans le monde des musiques traditionnelles. Elle y serait plutôt sur le mode « néo-trad » qui depuis 10 ans donne une nouvelle jeunesse aux musiques folk un peu partout en Europe. Isabelle compose ses musiques et elle a réalisé en 2014 un album de chansons françaises résolument contemporaines sans renier sa filiation avec le trad. Elle va présenter ce travail à Lyon le 22 janvier, invitée à la salle des Rancy par Christine Azoulay. Isabelle est déterminée à franchir les barrières qui imposent aux artistes de rester dans les cases où on aurait tendance à les enfermer. Elle rêve d’une musique sans frontières qui se chante ou qui se danse. Elle cherche un public ouvert et enthousiaste pour l’accompagner dans cette belle aventure.


isabelle-bazin-20-12-2015-@-170Hexagone : Après plus de 20 ans de parcours dans les musiques traditionnelles comment es-tu arrivée à la chanson française ?

Isabelle Bazin : Cela fait plus de 20 ans que je travaille dans le secteur des musiques traditionnelles. Mais je joue aussi dans d’autres réseaux artistiques, depuis 10 ans avec une conteuse qui s’appelle Françoise Barret ; dans le milieu du théâtre, et celui de la danse contemporaine, dans des milieux spécialisés tels que l’hôpital psychiatrique. Je suis aussi clown à l’hôpital au sein de Vivre aux Éclats. Bref, une touche à tout incurable ! Cela faisait longtemps que j’avais envie de me plonger dans un travail plus personnel et c’est le résultat d’un long cheminement que je vais présenter cette semaine à la salle des Rancy. Je l’ai commencé avec le trio Les Sylvaines, que j’avais fondé en 1994, pour faire de la chanson à plusieurs voix avec 2 autres musiciennes multi-instrumentistes avec qui je partageais une envie d’écrire et de composer. C’était un trio plus spectaculaire et ludique que concertant. J’ai quitté ce groupe en 2002. J’avais fondé en 1996 un duo, D’Accord Léon, avec Claude Seychal, duo avec lequel j’ai fait beaucoup de bals folk. En 2006 nous avons élaboré un spectacle de chansons écrites et composées par nous deux, qui s’appelait Les Léonnes. Puis ce duo s’est arrêté en 2010.

Hexagone : Tu es accordéoniste et tu composes toi-même tes musiques ?
Isabelle : Je joue de l’accordéon diatonique et mon répertoire est principalement basé sur mes compositions. Je ne me suis jamais plongée dans un répertoire de musiques traditionnelles, du type musique irlandaise ou bretonne. Ça ne m’intéressait pas et j’avais envie d’écrire ma propre musique. Je me sentais harmoniquement étriquée dans ce répertoire traditionnel, tout en appréciant aussi cette modalité, mais j’avais envie d’autres chemins harmoniques. Le monde du folk est maintenant très ouvert. Il y a toute une mouvance qui s’appelle le « néo-trad » qui est une vraie déferlante depuis une dizaine d’année. Un bel exemple : le site Boom Bal en Belgique qui touche beaucoup de jeunes entre 18 et 25 ans et c’est pareil en France où la moyenne d’âge des bals folk a chuté énormément.

isabelle-bazin-20-12-2015-@-199Hexagone : Comment as-tu construit ton projet de chansons françaises ?
Isabelle : Depuis 2011 j’ai arrêté plusieurs activités et je me suis concentrée sur mon propre projet. J’ai sorti 2 albums : D’ombres… en 2012 et Et De Lumière ! en 2014. Le premier est un solo d’accordéon avec des compositions exclusivement instrumentales. Sur le second, j’ai invité d’autres musiciens et chaque chanson est accompagnée par une formation différente. Il n’y a que des chansons et toutes ne sont pas composées par moi. J’ai écrit moi-même les arrangements. Pour le spectacle des Rancy, l’écriture est différente. Le travail a été plus collégial et j’ai commandé certains arrangements à d’autres musiciens. Aucun de ces musiciens n’est issu des musiques traditionnelles même si Marie Mazille et Stéphane Arbon ont un contact fréquent avec ces musiques. Marie a longtemps accompagné des artistes dans le milieu de la chanson comme Gérard Pierron ou Henri Courseaux et a joué dans plusieurs groupes de musiques traditionnelles. Avec Stéphane et Marie nous avons aussi un trio de musique pour les bals folk.

Hexagone : Il y a beaucoup de sonorités électro sur ton album de chansons
Isabelle : J’ai rencontré une perle rare. C’est Sylvain Berger que j’ai vu un jour sur scène au Polaris à Corbas avec ses claviers. Je cherchais quelque chose de fin, subtil, musical, pas de l’électro pur et dur. Sylvain a tout de suite compris ce qu’il pouvait apporter à mon univers, et ses notes subliment chaque chanson ! Comme il est aussi vidéaste, il a fait des petits teasers et un clip sorti en octobre 2015 pour la chanson À la dérive. Marie Mazille qui est multi-instrumentiste joue de la clarinette, la clarinette basse et du nyckelharpa, vielle à archet suédoise. Stéphane Arbon, qui est issu du monde du jazz et des musiques improvisées joue de la contrebasse. Ce sont des univers très différents qui se rencontrent. Le 22 janvier aux Rancy, nous allons profiter du concert pour enregistrer un album live, après les 3 jours de résidence qui le précéderont.

isabelle-bazin-20-12-2015-@--3Hexagone : Ta musique est très contemporaine et tes textes sont plus proches de la musique traditionnelle.
Isabelle : Certaines de mes chansons sont de facture traditionnelle car j’ai envie d’affirmer cette filiation. Et ces paroles écrites sur le mode traditionnel racontent les mêmes histoires, les mêmes peines, désirs et aspirations qu’il y a 100 ans et que dans 100 ans peut-être. Ce que j’aime beaucoup dans la chanson traditionnelle c’est toute l’imagerie et tout l’imaginaire qui s’en dégage. On y dit une chose sans la dire tout à fait par le truchement d’objets, d’animaux. On ne dit pas directement et crûment ce qu’on a à dire. Tout y est symbolique et subtil, malgré l’image « gros sabots » que l’on prête souvent à cette esthétique. Au contraire, la poésie se cache pour moi entre les lignes. Dans la chanson française, on se raconte peut-être plus directement. Mais dans le fond, je ne raconte que ma vie avec un voile de pudeur et ensuite, chacun se tricote l’histoire qu’il veut à l’endroit qui le touche.

Hexagone : Tes chansons ne s’inscrivent pas tellement dans l’actualité.
Isabelle : Mes textes ne renvoient pas du tout à l’actualité car, ça je ne sais pas le faire. C’est trop concret. Même si je suis très touchée par tout ce qui se passe au niveau politique au sens le plus large du terme. Mais suite aux attentats de novembre, j’ai jeté des bribes de texte par écrit. Je ne suis pas une chanteuse engagée mais je me sens très engagée par ce que je dis. L’univers que je fais affleurer est très engageant et dévoilant pour qui veut bien écouter. Et par exemple la chanson Le Luneux que j’emprunte avec bonheur à Malicorne, n’est autre qu’une chanson sur la décroissance !

Hexagone : Quelle est la prochaine étape pour ton projet ?
Isabelle : Pour le moment nous avons un gros travail de communication à mettre en place pour faire connaitre ce tour de chant dans le milieu de la chanson. Ce qui n’est pas gagné, malgré mon expérience de scène et bien que le premier album D’ombres… ait été chroniqué en 2012 dans Télérama, et que le second Et De Lumière ! ait été cité dans le bel article que François Gorin m’a consacré dans Télérama également, en janvier 2015. Les réseaux sont toujours extrêmement hermétiques. Personne ne connait les musiciens de jazz dans le milieu classique, personne ne connait les chanteurs de salsa dans le milieu des joueurs de tango… Et dans le milieu de la chanson, personne ne me connaît encore ! Mais ça ne va pas durer !!!


Isabelle Bazin Quartet en concert à la Maison Pour Tous – Salle des Rancy
Vendredi 22 janvier à 20h30
249 rue Vendôme 69003 Lyon
04 78 60 64 01 / maisonpourtous@salledesrancy.com

Jeanne Garraud, « j’ai besoin d’être dans la création »

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Jeanne Garraud vit à la Croix-Rousse, quartier de Lyon particulièrement prisé par nombre d’artistes de la chanson. C’est dans ce quartier, à Agend’Arts, qu’elle propose cette semaine 4 concerts, dans le cadre d’une carte blanche. Jeanne s’était éloignée de la scène depuis quelque temps. L’occasion était trop belle de faire avec elle le point sur sa trajectoire artistique.

Photo Jeanne Garraud
Photo Jeanne Garraud

Hexagone : Tu es croix-roussienne depuis longtemps ?
Jeanne Garraud : Je suis arrivée à la Croix-Rousse il y a 8 ans. J’ai grandi à la campagne près de Bourg en Bresse. A 17 ans, je rentrais à la fac en musicologie à Lyon 2. J’ai fait deux ans d’études à Lyon puis un an à l’université de Montréal pour finir une licence de musicologie. Je suis revenue à Lyon pour y faire le « Centre de Formation des Musiciens Intervenants à l’école primaire » (CFMI) pour être intervenante musicale en milieu scolaire. Pour entrer dans ce centre, il fallait avoir 20 ans et c’est en attendant mes 20 ans que j’ai donc fait la licence de musicologie. Ca m’a apporté une formation classique à la musique que je n’avais pas. Je fais de la musique depuis que je suis petite. J’ai commencé par la batterie, par la caisse claire plus exactement, à 6 ans. Mais mon rêve était de faire de l’accordéon. A l’époque ce n’était pas un instrument à la mode, il n’y avait pas de cours proposé là ou je vivais, j’ai donc appris le piano à 7 ans et j’ai pris 10 ans de cours avec un professeur particulier qui était très gentil. L’accordéon, je l’ai appris plus tard. Le piano était vraiment un jeu pour moi et je faisais toujours des surprises à mon prof. Il fallait que je m’amuse avec ça, que je ne m’ennuie jamais. Je couvrais le piano d’un drap, je croisais mes mains, jouais de dos. Je n’imaginais pas du tout en faire un métier, ou que ça puisse être sérieux. Mon prof me proposait de passer des concours, je ne voulais pas, je ne comprenais pas. En CM2, j’ai rencontré quelqu’un qui est venu nous apprendre la photographie (le labo argentique) à l’école et j’ai adoré ça. J’ai fait de la photo dans mon labo pendant tout mon collège, puis tout mon lycée. Je voulais devenir photographe.

Hexagone : Et tu écoutais quelle musique chez toi ?
Jeanne : J’ai un papa chanteur [Remo Gary] et on écoutait beaucoup de chanson française. Mais j’ai surtout entendu mon père avec sa guitare, des chansons de Brassens, et d’autres. Je crois que chez moi, la musique, on la jouait plus qu’on en écoutait. Je me souviens de mes premiers disques compact, que j’écoutais dans ma chambre, adolescente. Art Tatum, et Yann Tiersen.

Photo Jérémy Kerling
Photo Jérémy Kerling

Hexagone : Et ta première chanson, ça remonte à quand ?
Jeanne : J’avais 7 ou 8 ans et je connaissais un morceau au piano, un boogie-woogie qu’apprennent les enfants, et pour la fête des pères j’avais mis des paroles dessus. Je me souviens que c’était très dur de chanter et de jouer en même temps, et que suite à cette première fois, ça ne m’a plus jamais posé de problème. L’idée d’écrire des chansons était dans mon univers familial. Au collège, j’accompagnais la chorale au piano, puis au lycée, on avait un groupe avec les copains, on composait, on faisait des concerts dans les bars de temps en temps. Pendant mes études de musicologie, je chantais des reprises. Quand j’ai fait le CFMI, on nous demandait, à la fin des 2 années d’études, de faire un spectacle. J’avais alors 22 ans et c’était l’occasion de faire le pas d’écrire des chansons et j’en avais vraiment envie. Mais je me mettais la pression et j’étais sûre et consciente que ce que j’allais pouvoir sortir serait nul par rapport aux chansons que je choisissais jusqu’alors de chanter. C’était vrai en un sens, dans le sens où lorsqu’on commence, on commence, et j’étais prise sous le poids d’un héritage d’un certain style de chansons françaises que je connaissais bien, et que sans m’en rendre compte, je ne pouvais faire que dans une lignée, en me sentant toute petite. Tout ça crée des complexes que l’on met du temps à identifier. J’ai donc écrit 4 ou 5 chansons pour ce spectacle au CFMI. Le plus difficile, c’était de commencer. Je prenais ça comme un acte, et je décidais de ne plus me poser la question « qu’est-ce que je pense de mes chansons?  » mais d’aller vers « je le fais parce que j’ai envie ». J’ai commencé à présenter mes chansons et, de premières parties en premières parties, le répertoire s’est étoffé. Le fait de devenir musicienne intervenante en milieu scolaire m’interessait ( je pouvais faire à l’école avec la musique ce qui avait été fait pour moi avec la photographie). J’ai travaillé dans les classes de la ville de Lyon, de Saint Fons, puis dans les Monts du Lyonnais. J’ai fait ce métier pendant 5 ans et, de cette façon, j’ai pu être indépendante financièrement.

Photo Thibaut Derien
Photo Thibaut Derien

Hexagone : Et quand as-tu fait ta première scène ?
Jeanne : Ma première scène, je devais avoir 7/8 ans ; c’était un radio-crochet à La Bernerie en Retz, en Vendée, où je chantais C’est un hérisson qui piquait, la chanson du Hérisson de Philippe Chatel. J’étais déguisée en hérisson ; on était 3 et on avait fait un arrangement à plusieurs voix. J’avais adoré et je n’étais pas intimidée du tout. Mais mes premiers spectacle avec mes chansons c’est à 22 ans après le CFMI, en 2004, là, j’étais très intimidée. Je chantais avec mon accordéon. J’ai travaillé ensuite avec Aurélie Alvarez, flûtiste et violoncelliste de Bourg-en-Bresse avec qui nous avons monté le duo Carabosses, un duo pour lequel j’ai écrit des chansons pendant plusieurs années. J’ai travaillé ensuite avec Vanesa Garcia, percussionniste argentine qui vit en France. Nous avons commencé à jouer beaucoup, j’étais encore prof de musique. Un jour, il a fallu que je choisisse car les rythmes entre mes activités n’étaient plus compatibles, j’ai choisi les concerts. C’était en 2009 et je suis partie en solo à ce moment là. Le solo me permettait plus facilement de vivre avec les concerts et d’obtenir le statut d’intermittent. Et c’est une école, je trouve.

Hexagone : En solo tu t’accompagnais au piano ?
Jeanne : Entre 2004 et 2008, je m’accompagnais à l’accordéon. Mon rythme était trop soutenu entre mon métier de prof et la scène ; j’ai trop tiré sur la corde et je me suis fait très mal au dos. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de ne plus faire que de la scène. Je ne pouvais plus porter de poids… donc plus d’accordéon. J’ai repris mon instrument d’enfance et me suis remise effectivement au piano. Je suis partie toute seule en solo avec mon seul sac à dos et c’était plus léger.

Hexagone ; Et comment s’est passé la création de ton premier album ?
Jeanne : C’était en 2008. Quelqu’un m’a dit un jour « pourquoi tu ne ferais pas un album ? » Ça ne m’avait jamais traversé l’esprit. Je me suis dit « pourquoi pas ». Ce premier album que nous avons fait avec Vanesa Garcia était très instinctif ; le deuxième album qui est arrivé en 2011 a été plus réfléchi, plus arrangé. Aujourd’hui ils me paraissent tous deux très anciens. J’ai essayé de faire un troisième album qui aurait dû être là depuis bien 3 ou 4 ans maintenant mais je n’ai pas été jusqu’au bout.

Photo Christophe Péan
Photo Christophe Péan

Hexagone : Tu viens de passer par une phase de remise en question de ton métier de chanteuse.
Jeanne : Il y a environ 2 ans, je me suis sentie prise au piège d’une sorte de stérilité artistique. Je n’arrivais plus à écrire, à faire ce troisième album. J’ai donc choisi de lâcher tout. Ma relation avec mon tourneur, la pression de « jouer. » Je me suis rendue compte que j’aimais la scène, mais que je pouvais aussi bien m’en passer, et sans peine. Ce dont j’ai besoin en revanche, c’est d’être dans la création. Je n’ai jamais souffert d’un manque de scène mais de stérilité créatrice, de ça oui, j’ai beaucoup souffert. Mon désir d’être photographe m’est revenu à ce moment-là. Je retrouvais une joie et une fluidité énorme quand je pensais à ça. Alors je me suis inscrite dans une école de photographie, j’y ai découvert le monde de la photographie contemporaine que je ne connaissais pas du tout. Et, les vannes se sont remplies à nouveau ; j’ai recommencé à écrire énormément, des prises de notes, un journal, des poésies. Je me suis dit « qu’est ce que je fais de ça ? ». J’ai proposé mes poésies à une salle lyonnaise et j’ai été programmée pendant le Printemps de la Poésie. Ça m’a rendu très heureuse. J’étais comme une débutante pleine de trac lorsque j’ai présenté quelques poèmes accompagnée par Gilles Poizat, un musicien lyonnais. Ces poèmes me paraissaient beaucoup plus justes que ce que j’avais écrit pour la chanson jusque-là. Il y a au dessus de moi une école de la chanson que j’ai reçue en héritage. Avec la poésie, je suis sur un terrain que je ne connais pas. J’étais très fébrile et je sentais que c’était un vrai plaisir pour moi de faire ça. Ce court moment de scène n’était pas performant, huilé, mais je m’en fichais, j’étais heureuse, libre et sincère, et je sentais de la fluidité.

En photo j’ai été appelée dans plusieurs projets et c’est un bonheur, j’ai notamment travaillé sur une exposition pour les 80 ans de la Maison du Peuple de Vénissieux, initiée par le Théâtre exalté, compagnie de théâtre lyonnaise. C’était un plaisir immense, une commande de portraits ; j’adore faire du portrait. Je veux aussi continuer la musique, composer pour du théâtre, de la danse, de l’image. j’ai eu la chance de composer et d’accompagner une pièce de Théâtre radiophonique en direct cet automne, aux côtés du musicien Sebastien Quincez et invitée par le metteur en scène Baptiste Guiton, c’était du bonheur. Un projet très éphémère, qui existe à un moment T, et qui n’est plus. Je voudrais multiplier ce genre d’expériences de compositions, et de rencontre entre musique et autres formes.

Photo Jérémy Kerling
Photo Jérémy Kerling

Hexagone : Que vas-tu chanter lors de tes 4 soirées programmées à Agend’Arts ?
Jeanne : Ça va être une espèce de collage de tout ce que j’ai traversé depuis 2 ans, de ce parcours qui a pour seule direction celle que je m’invente désormais. Je vais inviter certaines personnes avec qui j’ai travaillé ces derniers temps, des amis aussi. Parmi eux Mikaël Cointepas, Thiphaine Rabaud Fournier, comédienne du Théâtre Exalté, Michèle Bernard, Sandrine de Rosa, Olivier Longre, Evelyne Gallet et peut-être d’autres. Je lirai quelques poèmes et peut-être que je projetterai quelques images. Les 4 soirées seront donc différentes en fonction des amis qui seront présents. Il est possible que je sois en solo sur une des soirées. Je chanterai aussi des poèmes que j’ai mis en musique et il y aura des morceaux uniquement instrumentaux. Je rêve de faire un album de mes compositions instrumentales. Rêve réalisable dans les mois qui viennent je pense.

Hexagone : C’est très différent pour toi d’écrire le texte d’une chanson et d’écrire un poème ?
Jeanne : Les chansons de Brassens sont des poèmes versifiés avec un nombre de pieds précis, des rimes ; celles de Brel, de Barbara aussi. C’est un code visible dans la chanson à texte. Il y a des chansons qui ne sont pas moulés dans cette forme, comme celles de Bashung, mais c’est beaucoup plus rare. Lorsque je parle de poésie je ne pense pas à une forme prédéfinie. En fait, c’est mon jargon. J’ai besoin de prendre de la liberté par rapport à la forme chanson alors je me raconte que je peux écrire de la poésie et je me sens libre et plus juste. Plus je retrouve de l’oxygène en apprivoisant des formes nouvelles, plus j’ai de plaisir à revenir à la chanson, cette maison si familière.


Carte Blanche à Jeanne Garraud à Agend’Arts du 21 au 24 janvier

Jean-Louis Bergère, « je suis plus un traducteur d’émotions qu’un inventeur d’histoires. »

« Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin. Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine. » On pourrait commencer ainsi à propos de Jean-Louis Bergère, empruntant sans vergogne à l’Apollinaire ces vers qui ouvrent vers un désir de modernité. Poète, Bergère l’est. Indiscutablement. Moderne itou. Homme de Lettres, homme de mots, il écrit comme un peintre voudrait mettre en lumière les sentiments. C’est le sensible l’objet de Jean-Louis Bergère. Nommer l’invisible, faire exister ce qui n’est pas. Le sentiment naissant, à l’instar d’une Nathalie Sarraute. Chercher, être en quête du soi intérieur.  Gratter le dedans, le trouble et l’informulé. A petites touches, comme les impressionnistes, Bergère dessine des chansons. Puis il les chante. Ca remue les entrailles sur fond de pop rock au subtil raffinement, en mode Dominique A. Rencontre avec un artiste aussi précieux que rare.

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Photo Michel Durigneux

Hexagone : Peux-tu raconter le parcours qui t’a mené vers la chanson jusqu’à la parution du premier album en 2002 ?
Jean-Louis Bergère : Je dirai que tout remonte à l’adolescence, à un moment où l’écriture en premier est apparue comme un vrai refuge dans la confrontation un peu difficile et douloureuse que j’avais alors avec mon milieu familial, avec l’école, avec le monde autour en général. La musique était déjà là aussi, avec l’école de musique  en classe de trompette, et puis rapidement la guitare au lycée et la découverte de la musique pop/rock anglo saxonne et américaine des seventies. Une autre grande respiration salutaire. Mes premières chansons datent de cette époque, enregistrées sur un petit magnéto à cassette au fond de ma chambre. Je n’envisageais rien de précis par rapport à la musique mais je pressentais bien que ça allait prendre une place importante dans ma vie. Mes premières scènes débutent alors dans les cafés concerts avec des reprises du répertoire français (Souchon, Bashung, Couture, Ferré, Brel), et les souvenirs mémorables des soirées où je tentais en vain de faire passer mes chansons… rude école des cabarets où le bruit ambiant étouffe rapidement toute ambition démesurée. L’étape suivante est venue beaucoup plus tard. A la fin des années 90 j’ai eu l’occasion de participer à une compilation sur le groupe Ange, avec un premier enregistrement studio pour le label Muséa. Et tout a vraiment démarré à partir de là. Ma version de Ode à Emile a été remarquée par la presse spécialisée (premier concert parisien au Théâtre Clavel) et je me suis dit qu’il était peut-être temps de mettre en forme mes propres créations. J’ai réuni des musiciens autour de moi, avec un premier groupe à consonance plutôt classique (piano, violon alto, xylophone et percussions), et puis un autre groupe plus électrique avec lequel j’ai enregistré le premier album Une définition du temps en 2002.

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Photo Egna

Hexagone : Tu as sorti 3 albums à ce jour. Peux-tu nous parler de ta discographie ?
Jean-Louis Bergère : Une définition du temps (2002) a été enregistré mixé et masterisé par Pasquale Ianigro – Studio Karma avec Alain Ricou (guitares), Yannick Coudreau (clavier/piano). C’est un premier album ramassé (8 titres) et cohérent avec ma géographie d’écriture de l’époque. C’est un album qui me touche toujours (ce frémissement du premier…), avec quelques errements internes, qui parfois me font sourire, mais qui sont je crois, d’une grande sincérité. Peu de moyens sur cette première production, mais des contraintes bénéfiques en fait, qui se sont révélées enrichissantes, notamment sur la recherche sonore et globale de l’album. Avec trois musiciens en tout et pour tout. L’album suivant Au lit d’herbes rouges (2007) a été enregistré avec la même équipe technique et pour les musiciens, deux nouveaux se sont ajoutés : Hervé Moquet (basses) et Dominique Garnier (batterie). C’est un album plus conséquent (trop peut-être) avec 14 titres et sur lequel je me suis un peu égaré en termes de choix artistiques, d’arrangements, de production, avec pas mal de mouvements irréguliers sur le corpus même de l’album. Pour être tout à fait sincère, s’il devait être réédité, je ferais des coupes sombres, pour ne garder que les quelques titres (une petite moitié) qui me semblent encore debout. Demain de nuits de jours (2013) a été enregistré et mixé par Léo Lelièvre et Julien Sabourin – Studio Mezzanine et masterisé par Antoine Thibaudeau – Studio Rumble Sound avec une équipe musicale totalement refondée. Hervé Moquet (basses) Blaise Desol (guitares), Xavier Pourcher (piano, claviers), Antoine David (batterie) et des invités Laurent David (tenor) et Evelyne Chauveau (chœurs). C’est pour moi l’album le plus accompli artistiquement parlant et le plus abouti en  termes d’arrangement, d’homogénéité, de production, de réalisation. Un troisième album c’est déjà le début d’une histoire dans l’expérience discographique et bien sûr on avance différemment avec le bénéfice des leçons tirées et apprises jusque là. C’est aussi l’album qui ouvre une nouvelle direction dans mon travail. A suivre donc…

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Photo E. Chauveau

Hexagone : Ces albums révèlent-ils tous quelque chose de différent de toi ? Quelque chose de lié à une période de ta vie à chaque fois ? Ou sont-ils une continuité ?
Jean-Louis Bergère : Ils sont différents bien sûr, parce que liés aux différentes périodes de ma vie mais s’inscrivent, je le crois, dans une continuité que je ne pourrais pas encore bien définir mais qui est là, bien réelle (peut-être le début de ce truc qu’on nomme « style » et qui se dessine au fur et à mesure de l’avancée). On apprend d’album en album, c’est un chemin nécessaire, et bien entendu chaque album est une photo sonore de l’instant T dans lequel il est réalisé. Instant temporel de vie, d’époque. Donc oui, ces albums révèlent de moi des facettes différentes, et sont un peu comme des marqueurs sur le déroulé de ma vie, d’autant que l’expression générale de mon travail est nourrie le plus souvent par ce qui me traverse au plus profond. De ce fait, je suis plus un traducteur d’émotions qu’un inventeur d’histoires.

Hexagone : Qu’est-ce que construire un album à tes yeux ? Un projet artistique à part entière ? Une photo à un instant T ? Simplement exister aux yeux des professionnels ? Ou autre chose…
Jean-Louis Bergère : Si comme on vient d’en parler, l’enregistrement d’un album est effectivement la photo sonore de l’instant T, c’est aussi un élément de construction dans l’élaboration d’un projet artistique à part entière. Je crois réellement, et sans aucune prétention à « l’œuvre ». A son caractère sacré même, dans la trace et la mémoire de l’histoire humaine. A cette toile, ce paysage qui prend forme petit à petit, touche après touche. La construction d’un album s’inscrit pour moi dans cette configuration ; la partie intégrante d’une entité globale. C’est aussi pour ça que je ne suis pas vraiment séduit par les diffusions disséminées au titre par titre, EP ou autres formes actuelles qui répondent le plus souvent à la nécessité d’occuper l’espace à tout prix, de faire le buzz au plus vite et d’une manière répétitive, et de se conformer peut-être ainsi au plan marketing d’une diffusion professionnelle. Ça n’a pas de sens pour moi. C’est maigre et vide. Et c’est malheureusement dans l’air de l’époque, cette compression à l’infini, cette production d’objets consommables et renouvelables, à faible durée de vie…un circuit court sans consistance. L’objet artistique, dans toutes ses expressions, s’élabore sur un mode de fonctionnement diamétralement opposé. Son temps est celui qui lui est nécessaire pour prendre forme, celui de la réflexion, de la lenteur parfois, de la patience aussi et de la maturation.

Hexagone : Tu écris et chantes des chansons mais tu écris aussi d’autres textes, d’autres formes de poèmes. Que t’apporte la chanson que ne t’apportent pas les autres formes d’écritures ? Et inversement.
Jean-Louis Bergère : La chanson m’apporte la géographie musicale. La chanson résonne uniquement pour moi dans cette dimension musicale. Une chanson c’est un texte associé à une musique. Mais ça doit être avant tout un objet sonore global. Et c’est presque une revendication chez moi cette recherche constante de cohérence, d’équilibre entre la musique et le texte. Une vraie cohérence qui met à égalité les deux parties, sans prédominance aucune et qui peut même aller jusqu’à considérer le texte comme un outil sonore en soi. C’est ce que je veux réussir à faire. Une chanson ça doit être ça. Sinon il faut arrêter de faire de la musique et se consacrer exclusivement à l’écriture. Pour ce qui concerne mon travail édité en poésie, l’écriture des poèmes a toujours accompagné mon travail d’écriture en chanson. Ce sont des modules d’écriture assez proches dans leurs formes courtes, dans leurs capacités à condenser. Et pour les deux formes la question du rythme reste toujours centrale et primordiale. L’équilibre que j’attends (j’entends) dans un texte poétique n’est pas si éloigné de celui que j’attends (j’entends) pour une chanson. Notamment dans le récitatif de certains titres. Dans Demain de nuits de jours le texte du titre Les distances est construit à partir de plusieurs textes assemblés, issus du livre Jusqu’où serions-nous allés si la terre n’avait pas été ronde paru aux Editions Gros Textes. Le poème restera quand même pour moi, la forme la plus libre dans sa plus simple expression, il se suffit à lui-même. C’est vers lui que je reviens aussi, après la grande dépense d’énergie que demande la réalisation d’un album, avec juste carnet et crayon…

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Photo Michel Durigneux

Hexagone : Demain de nuits de jours est le dernier album paru en 2013. Peux-tu nous éclairer sur la signification de ce titre ?
Jean-Louis Bergère : C’est toujours difficile pour moi de donner des titres à mes chansons, à fortiori pour un album. A chaque fois j’essaie de trouver le meilleur compromis entre le titre qui immédiatement va pouvoir séduire, ou tout du moins retenir l’attention, et celui qui donne à entendre le contenu de l’album dans sa dimension la plus large. Jusqu’à maintenant j’ai écrit chaque album autour d’un thème central, à la façon d’un album/concept (très marqué par le grand Melody Nelson de Gainsbourg). Le thème de ce dernier album était l’apparition/disparition. Le titre Demain de nuits de jours m’a semblé réunir plusieurs éléments significatifs, la puissance de la métaphore avec sa part de mystère, une lecture possible à plusieurs niveaux, la sonorité même des mots dans le rythme intérieur de cet assemblage, la notion des temps apparus et disparus entre aujourd’hui et demain, entre présent et passé, entre nuit et jour…

Hexagone : Tu sembles écrire à la manière d’un chercheur du sensible. Tu questionnes l’être. Que cherches-tu à mettre dans tes chansons ? Que racontent-elles ou que doivent-elles raconter ces chansons pour tenir la route ?
Jean-Louis Bergère : Elles doivent être au plus près de moi, je pense. De mon ressenti. De ce qui me traverse au plus fort, au plus profond. C’est ce qui me paraît essentiel dans mon travail, cette retranscription du sensible. Comme je le disais précédemment, je suis plus un traducteur d’émotions qu’un inventeur d’histoires. Nous sommes tous continuellement traversés et habités. Nos pensées, nos états d’âme, nos rêves… C’est un truc incroyable et fabuleux en soi cette présence intérieure, cette conscience de l’être, et celle aussi que nous avons de notre propre existence, de notre propre finitude. Ça m’a toujours impressionné et questionné. C’est un champ d’investigation sans limites. C’est cette vibration intime et prégnante de l’être que j’essaie de traduire, de saisir. Celle qui nous singularise autant dans tout le tissu vivant. La vibration la plus légère, la plus invisible qui soit, la plus silencieuse, et la plus ténue dans notre sensation du vivre. Dans ma sensation du vivre.

Hexagone :  La critique salue cet album pour ses qualités poétiques. Je suis également de cet avis. Comment travailles-tu tes textes ?
Jean-Louis Bergère : Ca dépend de beaucoup de choses, du moment, de mon humeur, de mes dispositions à recevoir ou ne pas recevoir. Je laisse toujours les choses venir, je ne m’installe jamais à mon bureau en me disant « aujourd’hui j’écris sur ça ». Je ne sais pas faire ça. Il faut qu’il y ait un déclic, l’apparition d’un paysage réel ou mental, une situation particulière, un sentiment qui me traverse. Parfois le texte naît rapidement, d’un seul coup, comme si quelque chose guidait ma main, je ne sais pas d’où ça vient mais c’est totalement plein, magique et surprenant. La chanson Rien ne nous sera épargné est arrivée comme ça, comme un cadeau du ciel, comme une évidence. C’est plutôt rare quand même, et précieux bien entendu. Même si j’écris beaucoup plus vite qu’avant. Souvent c’est beaucoup plus laborieux. Après un premier jet, je peux rester bloquer des heures, des jours, des semaines entières sur un seul mot, sur l’ingrédient manquant qui empêche le texte de prendre, de rouler, de sonner. Je prends beaucoup de temps pour peaufiner. C’est un temps absolument nécessaire. Il faut laisser reposer la pâte, s’éloigner puis revenir, retoucher puis s’éloigner à nouveau et ainsi de suite jusqu’au moment décisif où je décide de figer le texte. C’est un peu comme le travail du sculpteur qui, par petits éclats successifs, va faire apparaître le visage. Si ça ne prend pas du tout, j’abandonne et je passe à autre chose. Ca ne sert à rien de s’entêter, c’est inutile. Ecrire, c’est une chose inouïe et terriblement excitante. Il n’y a pas vraiment de recette. Pour moi ça restera toujours un mystère, cette alchimie de l’écriture.

BERGERE Presse © Indie Music - F. Lombard-17Hexagone : C’est une étude de la mélancolie ton œuvre ? Ou autre chose ?
Jean-Louis Bergère : Non. Je ne suis pas quelqu’un de mélancolique et la teneur de mon travail ne se révèle pas dans cet espace presque pathologique de la « melancholia ». Je pense être un optimiste lucide qui cherche à apprivoiser l’inquiétude (comme le commun des mortels), à travers l’expression artistique. Je crois à ça en tout cas. Je n’étudie rien en particulier. On a souvent qualifié mon univers d’impressionniste, et c’est quelque chose qui me convient assez bien. Lyrique me semble être encore le terme le plus approprié. Lyrique pour l’expression de sentiments, des sentiments, d’états de pensées liées au paysage mental, à la métaphore, au panorama. C’est mon domaine privilégié. C’est l’état d’âme dans toutes ses dimensions, que j’essaie de traduire à travers mon travail musical et poétique, avec cette touche « mineur » sans doute que j’affectionne plus particulièrement. Ce mode mineur qui, et c’est une réalité physique, nous fait tous vibrer plus intensément…

Hexagone : Si je te demandais de me résumer ton univers en 3 mots, auxquels penserais-tu ?
Jean-Louis Bergère : Difficile de répondre soi-même à cette question… sans avoir l’impression de s’auto congratuler si je dis : lyrique – ambiant – contemplatif. Tu es peut-être mieux placé que moi pour répondre…

Hexagone : Musicalement, l’album trempe dans une pop, une pop-rock, aussi planante et raffinée que le sont les textes. Peux-tu parler de ta façon de travailler les musiques, les mélodies.
Jean-Louis Bergère : Je compose essentiellement à la guitare et parfois au piano. Avec un texte déjà écrit ou pas. Parfois c’est le texte qui appelle une musique, et d’autres fois c’est le contraire. Mais ces deux composants musique et texte, doivent pour moi s’accorder parfaitement. C’est ma première exigence. Ensuite, à partir de cette base mélodie/texte achevée, j’enregistre une version guitare/voix ou piano/voix et je la  transmets aux musiciens. Le travail en groupe à proprement parler peut commencer. Pour le travail d’arrangement qui suit, je suis peu directif d’une façon générale, et je m’appuie beaucoup sur les compétences des musiciens avec qui je travaille. Et j’ai la chance de travailler avec d’excellents musiciens. Créatifs aussi et inspirés. Des musiciens qui maintenant connaissent bien mon univers et se sentent concernés par le projet artistique. C’est primordial. Il faut du temps pour constituer l’équipe idéale. C’est un atout précieux. Avec Blaise Desol (guitares), Hervé Moquet (basses) et Evelyne Chauveau (voix et claviers), le noyau dur du groupe, on se connaît bien, on s’apprécie et il n’y a pas de problème d’ego. L’objectif pour tout le monde, c’est le résultat final. La porte est ouverte à toutes les suggestions, et chacun peut s’exprimer dans cette zone d’échanges. On cherche ensemble, et on expérimente pas mal. Et puis comme pour l’écriture, à un certain moment, quelque chose d’un peu plus précis se dégage. Semble s’imposer. On tient peut-être la chanson déjà, ou une belle piste de travail… On avance comme ça, en affinant au fur et à mesure. C’est seulement au bout de ce processus que je reprends la main, en validant ce qui me semble être le plus proche de ce que j’avais imaginé au départ.

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Photo Isabelle Sanchis

Hexagone :  On sent une culture anglo-saxonne dans ta musique. Quelles sont tes racines musicales ? Les personnes qui ont compté pour toi, qui t’ont influencé ?
Jean-Louis Bergère : Elles sont nombreuses et diverses. Mais j’ai grandi en écoutant essentiellement la musique pop/rock anglo-saxonne et américaine des seventies. Avec les grandes figures de l’époque ; Neil Young, Pink Floyd, Bob Dylan, les Rolling Stones, King Grimson, Genesis, Patti Smith, Led Zeppelin, Foreigner, Lou Reed, Leonard Cohen, America, Kansas, Fleetwood Mac, Alan Parson Project et tant d’autres qu’on allait dénicher chez le disquaire, le casque rivé sur les oreilles pendant des heures… Et toute cette musique qui me donnait la chair de poule était simplement constituée d’une musique, d’une voix (voire même d’un timbre) et d’un texte auquel je ne comprenais rien… C’était vraiment magique. Et je suis certain maintenant que le souvenir de cette émotion pure, produit par un objet sonore global, s’est alors durablement inscrit en moi. Pas grand-chose en français à ce moment-là sur la platine. Les premiers à atterrir dessus : Yves Simon, Gérard Manset, Ange, Jean Guidoni, Charlélie Couture, Alain Bashung et Léo Ferré. Léo Ferré est sans conteste l’artiste qui a le plus marqué mon parcours. J’ai eu la chance de le rencontrer deux fois et c’est lui le premier qui m’a encouragé à poursuivre. Avec une grande bienveillance. Une rencontre importante comme celle-là (l’œuvre et puis l’homme ensuite) quand elle se produit, c’est véritablement fondateur pour un débutant. Il reste un maître absolu pour moi. Quand je dis « maître » c’est pour signifier seulement que je le considérais alors (et toujours aujourd’hui) comme un artiste en pleine possession et maîtrise de son art. C’est le premier artiste français qui, à travers le grand souffle de sa musique, de sa voix, de ses textes, m’a donné à entendre la force des images, des flagrances poétiques, des mots dans le flux des sonorités, des rythmes, des couleurs…Un peu à la manière de cette magie dont je parlais tout à l’heure et qui opérait avec la musique pop/rock de mon adolescence. Ferré est le premier à avoir surdimensionné la chanson française dans cette acceptation d’un objet sonore global. Dans cette dimension lyrique, poétique, intemporelle aussi de son écriture, de sa musique.

Hexagone :  Sur la scène française actuelle, quels sont les artistes que tu apprécies particulièrement et pour quelles raisons ?
Jean-Louis Bergère : Le premier qui me vient à l’esprit, c’est bien sûr Dominique A. C’est une autre révélation choc pour moi au début des années 90. Avec son écriture singulière, son sens de l’épure, cette ligne de force qui se dégage et sa grande cohérence. Fer de lance d’une chanson qualifiée de minimaliste, il fait partie pour moi de cette famille musicale française qui a su associer brillamment musiques amplifiées, électriques et texte exigeant en français. Avec aussi des artistes comme Jean-Louis Murat, Christophe et les précurseurs comme Gérard Manset, sans oublier Alain Bashung. J’aime aussi la fantaisie de Bertrand Belin, la fausse légèreté d’Albin de la Simone, et puis toute cette galaxie d’artistes découverte sur les réseaux parallèles et indépendants. Je pense notamment à des gens comme Filip Chrétien, Orso Jesenska, Fred Signac, Lou, La Rive, Catherine Watine et tant d’autres encore… Ça fourmille de belles choses et je pense que contrairement à ce que certains affirment, on vit une époque de grande créativité musicale.

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Photo Michel Durigneux

Hexagone :  Tu vis en Anjou je crois. On ne te voit hélas quasiment pas sur scène. Est-ce difficile d’exister « musicalement » et artistiquement si l’on n’est pas à Paris ? Et du coup, vivre « loin » de Paris, c’est source de création ?
Jean-Louis Bergère : Oui je suis angevin. Quand tu dis qu’on ne me voit pas beaucoup sur scène, tu veux certainement parler de scènes parisiennes ? Parce qu’en ce moment, je tourne plutôt pas mal (en province) avec une dizaine de dates prévues sur le premier semestre 2016, pour la fin de tournée de Demain de nuits de jours. Et c’est plutôt bien dans la période actuelle. Pour la deuxième partie de ta question, je pense sincèrement qu’il est plus facile d’exister « musicalement » et artistiquement en dehors de Paris. Paris n’est pas (plus) la ville rêvée pour un développement de carrière. C’en est bien fini du chanteur qui débarquait de sa province et qui pouvait espérer après quelques années de vache maigre, se retrouver à l’affiche de l’Olympia. C’est un modèle du passé (dépassé). Les lieux de découverte, avec leurs chasseurs de talents comme au temps de Canetti, ou Barclay n’existent plus vraiment. Les jeunes diplômés des maisons de disque ne s’emmerdent plus avec ça. On ne mise plus sur la qualité d’un artiste et sur le temps nécessaire qu’il lui faudra pour être reconnu. C’est terminé. Ce qui compte là encore, c’est la rentabilité à court terme. Et je dis ça suite à des expériences personnelles, et après avoir passé quelques entretiens édifiants avec des gens du métier. Sans parler sur Paris des conditions financières et d’accueil dans certaines salles. Plus de programmation véritable, de prise de risque par un producteur de spectacle, de contrat de cession digne de ce nom. Au mieux, tu te retrouves en coréalisation, au pire ça te coûte de l’argent (location de salle, déplacement, hébergement…) et tu te débrouilles pour la communication et remplir les gradins. C’est sans doute un peu noir comme tableau, mais malheureusement c’est assez proche de la réalité. Et quand j’entends certains musiciens parisiens me parler des difficultés qu’ils rencontrent pour jouer, pour travailler, ça ne fait pas envie… En province il y a encore tout un tissu vivant de salles, de réseaux, de festivals,  avec des vraies programmations (achats de spectacles) et des possibilités d’accompagnement. J’ai la chance d’être soutenu par des professionnels de ma région qui suivent le projet de très près, en l’accompagnant vraiment. Présentation de spectacle, accueil en résidence, sortie d’album, suivi de projet… c’est précieux. C’est aussi motivant pour le travail d’équipe et sur la création-même, ça permet de poursuivre ma recherche artistique avec plus de sérénité et dans des conditions confortables.

Hexagone :  La scène, est-ce une chose que tu aimes ou alors un exercice après lequel tu ne cours pas forcément ?
Jean-Louis Bergère : J’aime beaucoup la scène même si je pense que ce n’est pas la partie la plus importante, la plus fondamentale dans l’expression de mon travail. L’album discographique oui. Mais ça reste une surface privilégiée extraordinaire, où le temps est suspendu, où la réalité n’est plus tout à fait la même, et où l’on peut se révéler avec une grande liberté… C’est aussi un mélange de sentiments contraires. On peut y vivre les pires et les meilleurs moments qui soient. L’exaltation totale, et aussi de grands moments de solitude. Il m’a fallu beaucoup de temps pour apprivoiser cet espace. Pour m’y sentir bien et debout. Pour m’y trouver vraiment. Personnellement ça m’a demandé un long cheminement physique et mental. Aujourd’hui j’y suis vraiment bien et chez moi. Et c’est une drogue dure, avec un fort pouvoir d’addiction…

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Photo Isabelle Sanchis

Hexagone :  On te verra au Forum Léo Ferré à Ivry, fin février. Quelle sera la formation scénique ? A 4 ? T’arrive-t-il de jouer solo également ?
Jean-Louis Bergère : Oui nous serons en concert le jeudi 25 février au Forum Léo Ferré. En quatuor certainement. C’est la formation de base, pour le spectacle de Demain de nuits de jours. Il m’arrive aussi de jouer en solo, et en duo également, notamment sur les programmations liées à mon travail d’auteur, lors de rencontres, de lectures, de lecture/concerts et aussi bien sûr dans les petits lieux, les espaces plus confidentiels.

Hexagone : Quels morceaux privilégies-tu sur scène ? Plutôt rock, planant ?
Jean-Louis Bergère : En fait ce qu’on joue sur scène actuellement c’est le spectacle de Demain de nuits de jours, créé en résidence au THV (théâtre de l’hôtel de ville) de St Barthélémy d’Anjou. C’est un concert qui présente l’album dans toute sa diversité avec une vraie réflexion sur la construction du set. Le rajout de ponts musicaux entre les chansons, de silences, d’ambiances et quelques nouveaux titres aussi…le tout réhaussé d’une très belle création lumière d’Augustin Sauldubois. Forcément, suivant les salles, on ne peut pas toujours présenter le spectacle dans toute sa dimension… et c’est frustrant parfois.

Hexagone : Travailles-tu déjà à un nouvel album ? Dans quelle direction musicale ? La continuité de Demain de nuits de jours ?
Jean-Louis Bergère : Oui le nouvel album est en cours…les chansons sont là, on va démarrer le travail d’arrangement dans les jours à venir. Et ce sera, je pense, dans la continuité de Demain de nuits de jours, dans ce mélange ambiant électrique que je veux continuer de creuser, d’approfondir… et avec cette belle part d’acoustique également. C’est le début d’une nouvelle aventure, musicale et humaine, avec tout ce que ça comporte d’inconnu et de surprises à venir. Rendez-vous début 2017 si tout avance bien…