Victoria Lud : deux soirées au Bijou et bientôt un E.P

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Depuis les auditions publiques Osons en février, l’an passé, j’ai applaudi les prestations de Victoria Lud cinq fois dont les deux dernières pour leur concert entier chroniqué déjà sur Hexagone. Donc, en résumé, je suis fan ! J’ai à nouveau apprécié leur spectacle La fabrique des diamants noirs : un cabaret rock chanson, avec un univers original, des chansons fortes et une mise en scène soignée, une ambiance un peu conte mystérieux avec personnages, costumes et éléments de décor. Victoria Lud c’est Caroline au chant et aux textes, Nicov Kalach c’est Nicolas à la guitare, aux choeurs aux compositions et arrangements, Mlle Jouchter c’est Anne Laure au piano et aux chœurs. J’ai ressenti une encore plus grande maîtrise dans l’ambiance musicale voire vocale pour les chœurs ou moments à trois et la voix de la chanteuse prend plus en plus d‘ampleur.

Photo Michel Gallas
Photo Michel Gallas

Ces deux soirées  tout comme la réalisation de l’EP, amené en avant première au Bijou, constituent une étape importante pour ce jeune groupe. J’en ai profité pour proposer une interview qui s’est déroulée dans la salle de bar du Bijou. Caroline viendra avec Nicolas et ils seront rejoints par Anne Laure à la fin. Ils m’ont donné l’impression, comme sur scène, d’un groupe uni avec une forte envie d’avancer et de progresser ensemble. Ces deux jours du Bijou tout comme l’EP, amené en avant première, constituent une étape importante pour ce jeune groupe. D’ailleurs ils avaient revus le concert de la veille et souhaitaient apporter un certain nombre de retouches (de détail). Je te propose de les écouter nous parler de leur parcours et de leurs projets.

Hexagone : D’abord, pourquoi ce nom : Victoria Lud ?
Caroline : Lud, ça vient vraiment du jeu, de l’envie de jouer. Et pour Victoria on a cherché des prénoms, des associations d’idées. Notre monde, sur scène est un peu victorien, et Victoria Lud ça sonnait bien. On s’est rendu compte que Victoria en latin, c’est victoire. Donc la victoire du jeu, la victoire par le jeu, le jeu victorieux. Et cela a pris son sens ! Le jeu, c’est important dans la vie.

Hexagone : Parle-moi de ton parcours, et de ta rencontre avec Nicolas.
Caroline : Je suis venue au chant et au théâtre adolescente avec les compagnons du théâtre, à Castres. On a fait des comédies musicales, de la chanson dans un théâtre à l’italienne. Jouer sur scène, dans ce décor-là, c’était superbe. Être sur scène je trouvais cela magnifique. Cela ne m’a plus quitté depuis. Ensuite j’ai pris des cours de chant, je suis monté à Paris pour faire des études en arts du spectacle. J’ai fait, entre autres, du théâtre de clown. J’ai commencé à écrire mes premières chansons, puis à avoir un premier groupe. Et je suis allée aux Rencontres d’Astaffort où j’ai rencontré … Nicolas. Avec qui on a créé, à ce moment-là en 2010, la chanson Debout, une des chansons fortes du répertoire aujourd’hui. Un  moment de magie.

Photo Michel Gallas
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Hexagone : Pouvez-vous me préciser comment cette chanson a été créée ? 
Nicolas : Le principe d’Astaffort, c’est : on ne se connait pas, on se rencontre sur le lieu et on a dix jours pour écrire des chansons à plusieurs. On a créé la chanson avec Caroline et avec un troisième participant, l’interprète Patrice Michaud, un canadien.
Caroline : On avait évoqué mon texte avec Nicolas pendant le repas, il m’a vu en parler, en gesticulant, à l’interprète. Il est venu me voir en disant « J’ai ta musique », sans voir lu le texte ! Nous sommes allés dans un endroit où Nicolas a commencé à poser trois accords au piano, Patrice (Michaud) a commencé à chanter le texte par dessus et moi je jouais le chef d’orchestre. La chanson était née, c’était magique !

Hexagone : Et comment on passe de la rencontre à Astaffort au trio de Victoria Lud ?
Caroline : En fait nous n’avons pas continué à travailler ensemble, de suite avec Nicolas. Pour la petite histoire, j’ai trouvé que c’était magnifique chanté par la belle voix de Patrice. Cela m’a motivée pour écrire mais… je me suis arrêtée de chanter. J’ai passé deux ans, sans chanter. J’ai écrit beaucoup, un peu dans ma « bulle ». J’ai fait une école de musique (CFPM) où j’ai rencontré Anne-Laure, la pianiste. Cela m’a raccrochée à la musique. Puis un jour, j’ai envoyé le texte de Mon cœur à Nicolas. Et on s’est revus.
Nicolas : On a retrouvé un peu la même étincelle que la première fois, cette facilité avec laquelle on avait fait la première chanson, on a retrouvé la magie. Puis, pour passer à Victoria Lud, cela s’est enchaîné assez vite. Au départ c’était un projet que Caroline menait. L’idée c’était que je compose des musiques pour elle. Puis à un moment, on a pensé que ce serait bien de partager cela sur scène. Comme c’était la période où elle avait rencontré Anne-Laure, on s’est dit « faisons le projet à trois, allons y ! »

Photo Michel Gallas
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Hexagone : Mais entre écrire/composer des chansons, puis faire la mise en scène, et créer le spectacle, quel est le cheminement ?
Caroline : En fait cela a été très facile. Dans l’écriture et la composition, l’univers était déjà là.
Nicolas : Oui, on avait déjà visualisé ce vers quoi on voulait aller. Cet aspect un peu mise en scène, un peu théâtral. Cette volonté de jouer sur scène et d’incarner des personnages. C’est dans cet univers-là qu’on se retrouvait, que l’on était unis dans le projet, que cela fonctionnait pour nous. On a eu fait des tentatives plus rock « classique » ou plus chanson et finalement on sentait que ça ne « marchait » pas.
Caroline : Et ce rock un peu décalé, cela me faisait penser au style de cabaret un peu déjanté. Il fallait qu’il y ait un déraillement possible

Hexagone : Le Bijou, est ce une étape importante pour le projet Victoria Lud  ?
Caroline : Oui, symboliquement et totalement importante. Le Bijou, pour des toulousains comme nous, c’est depuis longtemps le temple, l’église de la chanson. Et ça émotionne ! Dans le déroulement, c’est presque un concert comme un autre. Mais avec un accueil formidable et des conditions techniques tout à fait confortables. Et donc avec une qualité du son qui permet d’être plus à l’aise au niveau de la voix.

Photo Michel Gallas
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Hexagone : J’ai envie que tu me parles de la création d’un titre. Dans le concert, si je prends deux chansons, presque au hasard, Le Royaume et Les amants. Comment viennent-elles ?
Caroline : Entre texte et musique il n’y a pas de règle. Les amants cela part du texte. De la vie personnelle, car tout part de là. Si cela commence par le texte, je l’écris de mon côté. On se rencontre, je raconte le texte à Nicolas pour qu’il s’en imprègne. Sur Les amants, il s’est mis à jouer au piano au fur et à et à mesure qu’il lisait le texte. Le Royaume, c’est venu de la musique, tout à fait inspirante. J’avais toutes les images qui venaient. Fräulein est née aussi comme cela de la musique même si pour autant le texte est intime aussi.

Hexagone : Dans le spectacle, en dehors des chansons, il y a la mise en scène, le décor et aussi les personnages. Ils sont présents mais vont-il être plus développés ?
Caroline : La ligne de conduite a été : on est sur scène comme on a envie d’y être dans cet univers-là. Chacun est bien actuellement dans ce qu’il fait aujourd’hui. Avec Nicolas on a une chanson, mise en scène, à deux.  Et Anne-Laure, c’est elle qui dit « je veux des pancartes » et qui a eu envie de s’exprimer comme cela.

Photo Michel Gallas
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Hexagone : Deux soirs de concert, mais aussi un EP, apporté ce soir en avant-première et qui sortira officiellement plus tard (nota : une grande partie du public hier soir a tenu à l’obtenir). Tu peux nous en parler un peu, et également du choix des six titres retenus par rapport aux onze du spectacle ?  
Caroline : Oui, l’E.P est aussi un moment important. On nous l’avait beaucoup demandé. Les gens ont envie de partir avec, de réécouter les chansons qui les ont marqués. Et jusqu’à présent on n’avait rien pour eux. L’E.P c’est aussi une aide pour démarcher les tremplins, les festivals. Cela nous manquait. En studio, on a pris du plaisir à imaginer, à tester des arrangements un peu différents de ceux du spectacle par exemple sur Paranoïa ou en poussant, gentiment, Debout un peu plus rock.
Nicolas : Pour la sélection des six titres, l’idée était de mettre les chansons qui racontent un peu l’histoire. Donc Les diamants noirs c’était évident, Debout pour l’origine ainsi que Fräulein. On ne voulait pas uniquement des chansons denses : Quitte-moi a un côté décalé et plus léger.

Hexagone : Je suis un peu surpris par la pochette de L’E.P : je m’attendais à l’affiche et au titre du spectacle La fabrique des diamants noirs. En fait un titre différent Mon cœur est illustré, sur la pochette, par une photo belle et curieuse. Tu m’expliques ?
Caroline : L’E.P. présente des chansons mais hors spectacle, il est un peu dissocié. Donc avec un titre et un visuel différents. Le visuel part de l’idée de Mon cœur avec une photo superbe, un peu sombre. On peut croire que c’est une rose et si on regarde bien on s’aperçoit que ce n’est pas une rose, que c’est plus « grinçant. » Le spectacle (titre et affiche) c’est l’idée de l’album à venir. Cette prochaine étape dépend de l’évolution du projet et des moyens financiers. Mais l’envie est là.

Photo Michel Gallas
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Hexagone : Et alors, justement, quelle est la suite prévue ?
Caroline : Déjà, vraiment, aboutir le spectacle. On va faire une résidence qui concerne la lumière. Chez nous, la lumière constitue le troisième pilier du spectacle avec la musique et nous sur scène. Et cela implique de « grossir » un peu. On a obtenu une aide à la diffusion de la Région Midi-Pyrénées. Cela va nous permettre d’avoir les finances pour qu’un technicien soit avec nous et pour faire tourner un peu le spectacle. Donc il reste encore beaucoup de points à mettre en place.

Hexagone : Ma question rituelle : quels sont tes goûts en chanson française?
Caroline : Brigitte Fontaine, Artur H et Higelin aussi. Après mes goûts peuvent être éloignés de mon univers de scène et aller de Benjamin Biolay à Dominique A en passant par Lhasa.

Hexagone : Et pour finir, j’ai entendu parler d’un collectif toulousain en devenir dont tu ferais partie (Nota : avec d’autres artistes déjà évoqués dans Hexagone comme Piérick, Camu, La Reine des aveugles, Marin). Peux tu nous en dire un peu plus ?
Caroline : C’est parti d’une discussion avec Olivier (patron programmateur de Chez ta mère) lors de notre passage fin avril chez lui. De l’envie de faire quelque chose ensemble mais sans trop savoir quoi. A la rentrée, on s’est rencontrés avec d’autres artistes, on s’est racontés nos parcours, nos envies, nos galères. Ces échanges font du bien. On a essayé de voir ce que chacun peut apporter aux autres. L’idée, c’est de se rencontrer régulièrement, d’être un collectif et pourquoi pas, peut être, de monter un spectacle en commun. C’est en devenir. 


Victoria Lud – Interview le 8 octobre pour les concerts des 7 et 8 octobre au Bijou (Toulouse) et pour l’E.P à venir Mon coeur

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