Sarah Mikovski, lauréate de Vive la Reprise 2015, un OVNI de la chanson française

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Photo David Desreumaux

Je savais que la lyonnaise Sarah Mikovski préparait la sortie d’un nouvel EP. J’ai donc pris rendez-vous avec elle il y a plus d’un mois. Et je l’ai vu gagner ensuite à Lyon sa sélection pour la finale de Vive la Reprise 2015. A la surprise de beaucoup, sauf celle des lyonnais qui connaissent son talent singulier, c’est elle qui remporte le tremplin du Centre de la Chanson. Je l’ai rencontrée maintenant et nous avons parlé de son parcours dans la chanson, un parcours qui commence très tôt dans une classe musique/études dans la Loire et se poursuit ensuite dans toutes les salles de la Croix-Rousse à Lyon. C’est donc à Hexagone qu’elle a accordé sa première interview après cette victoire à Vive la Reprise.

Photo Bruno Cariou
Photo Bruno Cariou

Hexagone : D’où vient ton nom de scène ?
Sarah Mikovski : Je voulais prendre un pseudo et celui-là est venu comme ça, improbable ! En vrai, je suis d’origine éthiopienne et née à Djibouti. J’ai été adoptée par mes parents français qui vivent dans la Haute-Loire.

Hexagone : Quand as-tu commencé à chanter ?
Sarah Mikovski : J’ai commencé quand j’ai fini mes études, le jour où j’ai du quitter le conservatoire de Lyon. J’avais besoin de gagner ma vie. J’ai donc créé un petit tour de chant que j’avais toujours avec moi-même si je voulais voyager. A partir du moment où j’avais un clavier, je pouvais chanter où je voulais.

Hexagone : Que faisais-tu au conservatoire ?
Sarah Mikovski : J’étudiais le lyrique et le jazz. La chose la plus importante que j’ai apprise au conservatoire, puis en musicologie à l’Université, c’est l’harmonie classique et l’harmonie jazz. C’est une partie du bagage qui m’aide beaucoup aujourd’hui. J’y ai aussi appris l’élitisme, la compétition, les auditions où personne ne vous écoute. Mais avant le conservatoire, de 11 à 18 ans, j’étais en internat dans un cursus musique/ études à la Maîtrise de la Loire de Montbrison. Tous les après-midi je chantais, j’apprenais le solfège, je jouais de l’orgue, du piano. Un savoir qui me sert encore aujourd’hui !

Hexagone : Quand as-tu commencé à écrire des chansons ?
Sarah Mikovski : J’écrivais seulement quelques chansons pour mes amis… c’étaient des cadeaux, des blagues. J’ai commencé vraiment à écrire des chansons pour mon premier concert au Terrier du Lapin Blanc, un café-concert des pentes de la Croix-Rousse. On m’avait demandé de préparer 5 chansons. Je me souviendrai toujours de cette semaine où j’avais préparé 3 compos et 2 reprises. A cette époque j’étais encore très proche du jazz et j’avais comme références Ella Fitzgerald, Pauline Croze et Tété. Et deux de mes premiers concerts ont eu lieu dans une salle de jazz.

Hexagone : Ta musique venait donc du jazz mais tes textes d’où viennent-ils ?
Sarah Mikovski : Je n’ai jamais bien compris d’où arrivaient mes textes. J’écris toujours la musique en premier et je mets ensuite des mots dans cette musique. Il ne faut pas que ces mots entrent en contradiction avec la grammaire de la musique. Quand les deux se synchronisent, ça marche. Mais le processus a quelque chose de mystérieux…

Photo David Desreumaux
Photo David Desreumaux

Hexagone : Que s’est-il passé après ton premier concert dans les pentes de la Croix-Rousse ?
Sarah Mikovski : J’ai joué plusieurs fois dans cette même salle mais je voyais bien qu’il fallait en sortir. J’avais donc une technique de démarchage qui consistait à aller dans tous les lieux de la Croix-Rousse où il y avait un clavier. On me demandait si j’avais une maquette. Je répondais que non mais que je pouvais jouer 3 ou 4 chansons… et après ça ils me programmaient. C’est ce qui s’est passé à l’Atmosphère, un lieu très important pour moi. A cette époque, je pouvais donc déjà jouer 2 fois par mois. J’avais bien sûr du travail à côté de ça. J’ai toujours gardé un contact avec le classique, ce qui m’a permis d’être chef de chœur, de donner des cours de solfège. Le « projet Sarah » était alors une sorte de sauvegarde pour avoir une solution « au cas où ». Et c’est pourtant ce projet qui a duré et qui est devenu de plus en plus important. Grâce à lui, je vais tenter de me consacrer totalement à la musique.

Hexagone : Tu étais toujours toute seule à tes débuts ?
Sarah Mikovski : Oui. Et il y a un moment où j’ai été bloquée par le piano. Il y a de moins en moins de musique acoustique et je ne pouvais chanter que dans les lieux où il y avait des pianos à Lyon et Saint-Etienne. Et c’est là que j’ai découvert les claviers qui se branchent sur des amplis ! Une révolution !

Hexagone : Tu connais bien maintenant toutes les salles lyonnaises ?
Sarah Mikovski : Pas vraiment. J’ai fait de la chanson sans connaître le milieu de la chanson française. Je suis allée pour la première fois à A Thou Bout d’Chant tout récemment pour écouter Léonid par exemple… c’était super.
Mais je n’ai pas été élevée avec Brel, Brassens, Ferré ou Barbara. Plutôt avec Michel Berger, William Sheller, Balavoine et Goldman… et Véronique Sanson. Ce sont des gens qui étaient très dans leur époque et qui écrivaient des textes. Ce sont les références que j’ai entendues quand j’étais gamine. Et pour moi c’est Sheller qui est au-dessus de tous. Sheller a été une passerelle entre ce que j’apprenais à l’école et ce que j’écoutais chez mes parents. J’ai découvert un jour des partitions de Sheller à la bibliothèque et je les ai toutes apprises au piano. Quand je rentrais chez mes parents, je pouvais jouer Sheller au piano et mes parents pouvaient le chanter. C’est d’ailleurs quelque chose que je continue à faire à Noël avec eux.

Photo Bruno Cariou
Photo Bruno Cariou

Hexagone : Quand as-tu fait ton premier album ?
Sarah Mikovski : Le premier EP de Sarah Mikovski date d’avril 2014, un travail en duo. Ce disque m’a été très utile mais la collaboration n’a pas duré. J’ai repris un peu le solo mais j’avais vraiment envie de jouer en groupe, de monter une aventure un peu rock n’ roll !
C’est là que j’ai rencontré Bruno Cariou du label Neômme. Il est devenu mon manager et m’aide d’abord à me reposer en prenant en charge tout un tas de démarches pour que Sarah puisse prochainement payer mon loyer ! Il m’écoute aussi beaucoup, il a passé l’été dernier à le faire ! Il m’aide à définir mon projet et à prendre de vraies décisions quand c’est nécessaire. Et pour tout ça il est formidable…. et je lui ai écrit une chanson hier qui s’appelle L’Alchimiste ! Aujourd’hui, Sarah Mikovski est un trio ! Que vous découvrirez pour la première fois le 03 décembre au Jack Jack !

Hexagone : « Et en plus elles chantent » a été ton premier tremplin l’an passé et tu l’as gagné.
Sarah Mikovski : Oui, c’est aussi le tremplin qui avait couronné Buridane au tout début ! Cette année, il y a 3 semaines en fait, j’ai aussi gagné le tremplin Vive la Reprise au Centre de la Chanson à Paris. A Lyon, la Salle des Rancy (Tremplin Kiwi) et le Kraspek (Et en Plus Elles Chantent), sont 2 salles qui me soutiennent depuis. J’ai un petit créneau aux Rancy où je peux venir travailler toutes les semaines ce qui est très précieux pour moi. Le Kraspek fait aussi un vrai travail d’accompagnement et je peux faire appel à eux quand j’en ai besoin.

Hexagone : Tu as préparé toute seule Vive la Reprise ? Tu pensais le gagner ce tremplin ?
Sarah Mikovski : Je ne savais pas que j’allais le gagner, mais je savais que je pouvais le gagner. On a vraiment travaillé le set à fond avec Bruno. Je suis quelqu’un de trop inquiet pour compter sur la chance. Donc je travaille beaucoup. C’est ni sexy ni glamour, mais c’est comme ça que je suis. Je répète beaucoup mes chansons, j’apprends, et je travaille mentalement sur toutes les étapes qu’il faut franchir, les petites peurs qu’il faut surmonter pour pouvoir gagner. Et savoir que je peux gagner quelque chose quand je le veux vraiment c’est assez rassurant. Et puis, être reconnue par cette famille de la chanson française dont je n’étais pas si proche, c’est vraiment un très beau signe pour mon projet.

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